Inculpation de James Comey : la conclusion de huit ans de guerre ouverte entre Donald Trump et l’ex-chef du FBI

Le lancement du second mandat de Donald Trump a été synonyme d’une prise de contrôle des institutions de l’État. Ce dernier a multiplié les nominations de proches, même inexpérimentés. Parmi les instances visées se trouvait le ministère de la Justice, bête noire du président républicain, inculpé à plusieurs reprises à la suite de son premier exercice. C’est ainsi que Pam Bondi, juriste et lobbyiste dévouée au trumpisme, en a pris les rênes.

Ce jeudi 25 septembre est devenu l’exemple de la raison pour laquelle Donald Trump a tout fait pour réduire la distance entre le pouvoir politique et la justice : la possible chute de l’ancien directeur du FBI, James Comey. Ce dernier a été inculpé pour entrave à la justice.

Des liens supposés avec la Russie

L’ex-patron de la police fédérale (2013-2017) est poursuivi pour fausse déclaration et entrave à la justice « en relation avec son témoignage oral devant la commission judiciaire du Sénat américain », en 2020. Il encourt jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

Donald Trump tient sa première victoire d’ampleur dans cette quête vengeresse qu’il entend mener depuis son retour à la Maison-Blanche. Cette inculpation signe aussi l’accélération du processus de fascisation en cours aux États-Unis, alors que le monde Maga a rarement été aussi soudé que depuis l’assassinat de l’activiste Charlie Kirk.

L’affaire utilisée pour inculper James Comey est loin d’être anodine. L’ancien directeur du FBI était alors interrogé dans le cadre d’une enquête réalisée par ses équipes sur les liens supposés entre la Russie et l’équipe électorale de Donald Trump, lors des élections présidentielles de 2016. Selon le ministère de la Justice, l’accusé aurait menti en affirmant ne pas avoir autorisé « une autre personne au FBI à être une source anonyme dans des reportages », stipule l’acte d’accusation – long de seulement deux pages.

« Justice en Amérique !, s’est immédiatement félicité le chef d’État sur son réseau Truth Social. James Comey (est) l’un des pires êtres humains que ce pays ait connu. » Donald Trump a toujours réfuté un possible lien avec Moscou, dénonçant une « chasse aux sorcières ».

Dans un rapport en 2019, le FBI avait conclu à l’insuffisance de preuves de collusion entre la Russie et l’équipe de Donald Trump, mais relevait une série de pressions troublantes exercées par le président sur l’enquête.

Sa relation avec James Comey est aussi l’histoire d’une désillusion. La fracture a été officialisée lors d’un dîner privé entre le nouveau dirigeant et le patron du FBI, une semaine après son investiture du premier, le 27 janvier 2017. Donald Trump avait alors tenté de rallier James Comey à son projet politique.

« Je n’ai pas peur »

« J’attends de la loyauté », aurait lancé le chef d’État, tandis que le patron du FBI se contentait d’assurer son « honnêteté » envers son interlocuteur. Jugé trop indépendant, James Comey a signé son arrêt de mort pour la Maison-Blanche. Le président républicain l’a d’ailleurs limogé dès le mois de mai 2017, le traitant de « fanfaron ».

L’ex-dirigeant de la police fédérale a dénoncé son inculpation, dans une vidéo postée jeudi 25 septembre 2025 sur son compte Instagram. « Je n’ai pas peur, a-t-il rétorqué face caméra. La peur est l’arme des tyrans. Ma famille et moi savons depuis des années ce qu’il en coûte de s’opposer à Donald Trump. » L’accusé a ensuite réaffirmé sa « confiance dans la justice fédérale » et clamé son innocence.

Le président états-unien a mis la pression, durant le week-end du 20 au 21 septembre, sur le ministère de la Justice pour qu’il poursuive plus rapidement ses opposants politiques. En juillet, il avait déjà suggéré que James Comey, comme John Brennan (ancien directeur de la CIA), pourrait devoir rendre des comptes. « Ce sont deux personnes très malhonnêtes, avait-il annoncé, face à la presse. Je pense que ce sont des crapules finies et peut-être qu’ils devront en payer le prix. »

Donald Trump ne cache pas son impatience face à la supposée lenteur du ministère de la Justice dans d’éventuelles poursuites contre ses adversaires. L’un des derniers exemples en date est celui de la procureure générale de l’État de New York, Letitia James. Accusée par le responsable de l’Agence de financement du logement Bill Pulte, un proche de Donald Trump, de falsification de documents concernant des demandes de prêts immobiliers, elle n’a pas été inculpée.

Le procureur fédéral Erik Siebert avait refusé, faute de preuves suffisantes, d’engager des poursuites. La goutte de trop pour l’ex-magnat de l’immobilier qui a obtenu son départ quelques jours plus tard, avant de nommer Lindsey Halligan, une conseillère de la Maison Blanche, à sa place.

Donald Trump assume ainsi vouloir pousser la ministre de la Justice Pam Bondi à suivre ses directives les yeux fermés. « Elle a besoin d’un procureur dur (à ses côtés) pour faire bouger les choses. » À savoir soumettre officiellement la justice aux volontés du Bureau ovale.

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