« On veut le retour de Dieu » : entre allégories religieuses et discours réactionnaires, le monde trumpiste célèbre son « symbole » Charlie Kirk

Le mouvement Make America great again (Maga) a obtenu son martyr. Le temps d’une soirée, celle du dimanche 21 septembre, Donald Trump n’aura pas été au centre de la lumière. Jusqu’ici seul symbole national d’une soi-disant persécution, le président des États-Unis a partagé ce soir-là l’estrade avec la figure de Charlie Kirk, activiste raciste, transphobe et fasciste assassiné le 10 septembre par balle, lors d’une allocution devant 3 000 étudiants de l’Université Utah Valley.

« Il y a moins de deux semaines, notre pays s’est fait arracher l’un des plus grands esprits de notre temps, un géant de sa génération, a claironné Donald Trump, depuis la scène installée au centre du State Farm Stadium, une enceinte de 63 000 places située à Glendale (Arizona). Certaines de ces mêmes personnes qui te qualifiaient de haineux, pour utiliser le mauvais pronom, étaient pleines de jubilation devant le meurtre d’un père avec deux jeunes et beaux enfants. » Le locataire de la Maison-Blanche en profite donc pour porter la faute du meurtre sur la communauté trans, cible privilégiée de l’extrême droite états-unienne.

Spécialiste de la radicalisation d’étudiants

La cérémonie en hommage à Charlie Kirk a rassemblé le monde gravitant autour de la Maison-Blanche, des membres de l’administration Trump au multimilliardaire fasciste Elon Musk. Au total, la soirée a duré plus de cinq heures.

De quoi permettre aux pontes de la mouvance Maga de se relayer afin d’afficher leur admiration pour cet influenceur âgé de 31 ans, devenu l’un des fers de lance de l’extrême droite états-unienne. Charlie Kirk s’était spécialisé dans la radicalisation d’étudiants peu politisés, grâce à la multiplication de ses « débats équitables » dont il était – dans la majorité des cas – le seul spécialiste.

Un moteur idéologique de masse sur le terrain

Ses sorties outrancières lui assuraient une large audience sur les réseaux sociaux. Son organisation partisane fondée en 2012, Turning Point USA, est, quant à elle, devenue un moteur idéologique de masse sur le terrain, attirant des centaines de jeunes militants trumpistes prêts à réaliser du porte-à-porte lors de l’élection présidentielle de 2024.

Le récit s’écrit ainsi de lui-même pour les soutiens de Donald Trump : Charlie Kirk est mort pour avoir promu la liberté d’expression. « Il a été tué pour avoir exprimé les idées dans lesquelles croit profondément pratiquement tout le monde dans cette enceinte et dans la majeure partie du pays, a lancé Donald Trump. C’est là que je suis en désaccord avec Charlie. Je hais mes adversaires. Et je ne leur souhaite pas le meilleur. Je suis désolé ! »

L’hommage à Charlie Kirk a d’unique d’avoir été le théâtre d’une jubilation christique, tant le verbe religieux s’est invité dans chaque prise de parole. « J’ai plus parlé du Christ lors des deux dernières semaines que je ne l’ai fait de toute ma vie publique, a par exemple affirmé J. D. Vance, vice-président des États-Unis et représentant du courant catholique au sein de la mouvance Maga. Le meurtrier maléfique qui nous a pris Charlie s’attendait à ce que nous ayons des funérailles aujourd’hui et, au lieu de cela, nous avons eu une renaissance dans la célébration de Charlie Kirk et de Jésus Christ. »

« Nous devons assurer le retour de la religion »

« Charlie Kirk avait réalisé, comme beaucoup d’entre nous, que ce n’est pas une guerre politique ni une guerre culturelle, mais une guerre spirituelle », a de son côté lancé Pete Hegseth, le secrétaire à la Défense de l’administration Trump. L’ex-magnat de l’immobilier n’était pas en reste. « Nous devons assurer le retour de la religion en Amérique, car sans frontières, sans la loi et l’ordre et sans la religion, on n’a plus de pays, a estimé le président des États-Unis. On veut le retour de Dieu. »

Erika Kirk, la veuve de Charlie qui reprend le flambeau de son mari à la tête de Turning Point USA, a également pris la parole : « Au cours des dix jours après l’assassinat de Charlie, on n’a pas vu de violence, pas d’émeutes, pas de révolution. » L’allusion est claire : les manifestants qui se sont mobilisés à la suite du meurtre de George Floyd, auraient été motivés par la haine ; ceux ayant rendu hommage à Charlie Kirk, le seraient par la bonne conscience chrétienne.

Les premiers, qui n’ont eu que ce moyen d’expression pour se révolter face au racisme systémique, seraient donc en position de faiblesse face aux seconds – Blancs, racistes et autoritaires -, soi-disant restés pacifiques. « Ce jeune homme, je lui pardonne », a enchaîné Erika Kirk, en larmes. Le moment viral a été créé. Le récit sur l’assassinat de Charlie Kirk est gravé dans le marbre. De quoi ouvrir la porte à la répression la plus totale.

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