Un conspirationniste adepte de QAnon à la tête du FBI : qui est Kash Patel, désigné par Donald Trump pour remplacer l’actuel directeur ?

Le patron du FBI a préféré anticiper plutôt que de se voir mettre à la porte une fois Donald Trump arrivé à la Maison blanche le 20 janvier prochain. « Après plusieurs semaines de réflexion approfondie, j’ai décidé que la meilleure chose pour le FBI était que je reste en poste jusqu’à la fin de l’actuelle administration, puis de démissionner », a expliqué à ses équipes Christopher Wray, l’actuel directeur de la police fédérale étasunienne, selon un communiqué publié mercredi 11 décembre.

En poste depuis 2017, son mandat devait courir jusqu’en 2027, mais c’était sans compter sur l’élection du futur président républicain qui n’a pas tardé à annoncer son éviction après lui avoir reproché d’avoir permis des enquêtes sur son compte, notamment dans le dossier de l’assaut du Capitole en 2021.

Des enquêtes qui ne passent pas

« La démission de Christopher Wray est un grand jour pour l’Amérique parce qu’elle va mettre fin à l’instrumentalisation de ce qui est désormais connu comme le ministère américain de l’Injustice », a d’ailleurs réagi Donald Trump sur son réseau Truth Social, ajoutant que sous la direction de celui-ci « le FBI a illégalement perquisitionné (son) domicile ». Une référence aux recherches conduites dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride (sud-est), en août 2022.

L’opération avait permis la saisie de documents classifiés emportés par l’ex-président après son départ de la Maison Blanche. En conséquence, le futur président a été poursuivi pour avoir compromis la sécurité nationale en conservant ces documents, dont des plans militaires ou des informations sur des armes nucléaires, au lieu de les remettre aux Archives nationales, comme requis par la loi. Des poursuites abandonnées l’été dernier par suite d’une décision sur la procédure (et non sur le fond du dossier) de la juge Aileen Cannon nommée par… Donald Trump.

Un conspirationniste à la tête du FBI

Si le départ anticipé de Christopher Wray fait grand bruit, le profil choisi par le républicain pour lui succéder n’est pas moins explosif. L’heureux élu, Kash Patel, n’est pas étranger à la mouvance complotiste d’extrême droite QAnon, considérée par la police fédérale comme susceptible d’inciter à la violence. Il a ainsi déclaré par le passé que le mouvement conspirationniste, fondé sur l’idée selon laquelle Donald Trump mènerait une guerre secrète contre un réseau mondial de pédophiles adorateurs de Satan, avait « beaucoup de bons côtés ». Sur Truth Social, il n’hésite pas davantage à s’afficher en photo, posant devant la lettre « Q » en proie aux flammes.

C’est aussi un adepte de la théorie du « Deep State » (État profond, en français) qui tirerait les ficelles du monde dans le plus grand secret. Auteur de Government Gangsters : The Deep State, the Truth, and the Battle for Our Democracy (« Les gangsters du gouvernement : l’État profond, la vérité et la bataille pour notre démocratie »), il déverse dans son ouvrage sa haine du gouvernement fédéral et du FBI dont il a promis de transformer « dès le premier jour » le bâtiment central à Washington en « musée de l’État profond ».

« Toutes les théories du complot sur le Covid, l’élection de 2020, la vaccination et les réseaux de trafiquants découlent de ce combat sans fin, et les adeptes de Q pensent que Kash Patel, en tant que directeur du FBI, va l’emporter », résume, auprès de l’AFP, Mike Rothschild, auteur de « The Storm is Upon Us » («La tempête est sur nous »), un livre sur QAnon.

Fidèle parmi les fidèles de Donald Trump (il est aussi l’auteur de livre pour enfants à la gloire du futur président) et figure du mouvement MAGA (« Make America Great Again »), il a déjà occupé différents postes dans la précédente administration républicaine. Il a notamment été chef de cabinet au département de la défense et conseiller sur l’antiterrorisme au Conseil de sécurité nationale.

Si Trump avait renoncé en 2019 à le propulser à la tête des opérations politiques à la Maison Blanche, il semble cette fois déterminé à la placer au sommet du FBI dont son protégé estime « qu’il demeurera une menace pour la population à moins que des mesures drastiques ne soient prises ». L’État de droit et les libertés n’ont qu’à bien se tenir.

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