En Syrie, les islamistes de HTC veulent rassurer les civils et la communauté internationale

Éviter les erreurs des révolutions ou changements de régimes dans les pays arabes demeure l’obsession du gouvernement de transition à Damas, dominé par les islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTC). La Syrie n’a ainsi connu aucune vacance du pouvoir depuis la chute de Bachar Al Assad.

Le premier ministre intérimaire, Mohammed Al Bachir, travaille en lien avec les anciennes autorités et l’armée, ce qui éloigne pour l’heure les perspectives d’une « débaasification » telle que l’avait connue l’Irak post-Saddam Hussein où 50 000 membres du parti Baas avaient été écartés des postes gouvernementaux, exacerbant les divisions et le ressentiment.

Éviter que les milices ne reprennent les armes

« Tous les anciens ministres se sont présentés pour commencer à travailler. Seuls les ministres de l’Intérieur et de la Défense manquaient à l’appel, pour des raisons évidentes, mais nous avons compensé avec les directeurs généraux », jure ainsi Mohammed Al Bachir au quotidien italien Corriere della Sera. Ce 12 décembre, le pouvoir a suspendu la Constitution, qu’il entend amender, et le Parlement, le temps de la transition qui s’achèvera en mars.

Dans un pays qu’il dit ruiné et dont on ne connaît pas la hauteur des prêts et obligations, le responsable déploie des mesures ultralibérales et s’emploie à rassurer. Les puissances étrangères, d’abord. Le dirigeant assure ainsi s’être rapproché de la Chine et de l’Irak pour détailler son plan sans toucher mot de l’Iran ou de la Russie. « La première (mission) consiste à rétablir la sécurité et la stabilité. Les gens sont épuisés par l’injustice et la tyrannie. L’autorité de l’État doit être rétablie pour que les gens puissent retourner au travail et à une vie normale », confie-t-il.

L’enjeu principal reste de « garantir les droits » des différentes minorités afin que les milices ne soient pas tentées de prendre les armes. Le risque de prolongation de la guerre en cas de vide sécuritaire réside également dans la persistance de cellules dormantes de Daech : on estime à 10 000 le nombre de combattants de l’organisation entre la Syrie et l’Irak.

Rassurer, c’est enfin demander le retour des 6 millions de réfugiés en les invitant à participer à la reconstruction contrairement aux « responsables de crimes commis avant et pendant la révolution syrienne de 2011 » auxquels Mohammed Al Bachir promet d’être « jugés selon les lois syriennes en vigueur ».

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