États-Unis : un ex-policier condamné à 33 mois de prison pour la mort de l’ambulancière Breonna Taylor, icône du mouvement Black Lives Matter
L’ambulancière afro états-unienne Breonna Taylor est réveillée, le 13 mars 2020, en pleine nuit par des policiers. Les agents font irruption dans son appartement, à Louisville, dans le Kentucky. Son nouveau compagnon les prend pour des cambrioleurs et tire un coup de feu avec une arme détenue légalement. Les policiers tirent alors plus de trente coups de feu. Breonna Taylor est tuée d’au moins huit balles. Elle meurt sur le coup. Le mobile de l’intervention policière pour « trafic de stupéfiants » se révèle rapidement être sans fondement.
Pour ces faits, un ancien policier blanc Brett Hankison a été condamné, lundi 21 juillet, à 33 mois de prison pour son implication dans la mort de la jeune femme de 26 ans. La juge Rebecca Grady Jennings a assorti la peine de prison de trois ans de liberté conditionnelle. Ce policier avait été reconnu coupable en novembre 2024 par un jury de Louisville (centre-est) d’avoir violé les droits civiques de l’ambulancière dont le nom a régulièrement figuré sur des pancartes durant le mouvement Black Lives Matter – cette mobilisation dénonçant le racisme systémique après le meurtre de George Floyd par un policier blanc.
Une réquisition qualifiée d « insulte à la vie de Breonna Taylor »
Le jugement rendu ce lundi va à l’encontre des réquisitions de clémence du ministère de la Justice de l’administration Trump. Ce dernier avait demandé, une semaine plus tôt, une sentence d’un jour de prison, déjà purgé, assortie de trois ans de liberté conditionnelle. Fait inhabituel, cette recommandation était signée, non pas du procureur en charge du dossier, mais de la ministre adjointe de la Justice, chargée des droits civiques, Harmeet Dhillon, une juriste conservatrice nommée par le président Donald Trump à ce poste stratégique.
« Le gouvernement respecte le verdict du jury qui garantit presque certainement que l’accusé Hankison ne servira plus jamais dans la police et aussi probablement qu’il ne détiendra plus jamais légalement une arme à feu », assurait-elle. Mais une peine plus lourde serait « injuste », faisait-elle valoir, soulignant que « s’il a bien fait feu à l’aveugle à dix reprises vers l’appartement de Mme Taylor, il n’a blessé ni elle ni personne ce jour-là ».
Des justifications fallacieuses, avaient estimé les avocats de la victime. « Recommander seulement un jour de prison envoie le message sans ambiguïté que des policiers blancs peuvent violer les droits civiques des Américains noirs avec une impunité quasi totale », avaient-ils rétorqué. Ces réquisitions étaient également une « insulte à la vie de Breonna Taylor et de trahison flagrante de la décision du jury », avaient-ils affirmé. Lors du prononcé de la peine lundi, la magistrate Rebecca Grady Jennings a, de son côté, considéré que cette réquisition était peu convaincante, selon les médias locaux.
Après l’annonce de la condamnation, Ben Crump, l’un des avocats de la victime a souligné sur X : « M. Hankison est le seul policier condamné en lien avec la descente de police pendant laquelle Breonna a été tuée ». Les avocats de la victime ont ensuite salué, une peine « supérieure à ce que le ministère de la Justice réclamait », dans un communiqué transmis à l’AFP. Et de poursuivre : « Nous respectons la décision du tribunal, mais nous continuerons à dénoncer l’incapacité du ministère de la Justice à défendre avec fermeté les droits de Breonna et ceux de toutes les femmes noires dont la vie est considérée comme superflu ».
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