TÉMOIGNAGE. "Arrêtez les bombardements avant d'envoyer de l'aide" : l'appel d'un journaliste de Gaza après les premiers largages d'aide humanitaire par les Israéliens

"Il y a des personnes qui cherchent à manger et qui sont armées parce que c'est la jungle maintenant", témoigne dimanche 27 juillet sur franceinfo Youssef, un journaliste gazaoui, alors qu'Israël a annoncé avoir effectué dans la nuit de samedi à dimanche de premiers largages par voie aérienne d'aide humanitaire dans la bande Gaza. Un changement de cap "pour calmer la pression mondiale", analyse le journaliste, très sceptique sur les intentions israéliennes, après près de cinq mois de blocus quasi-total dans le territoire palestinien. "Dans les largages hier, il y avait du sucre, de la farine, des boîtes de conserve, et il y a eu 11 blessés aussi. Il y avait des tirs, il y a des gens qui ont attaqué. Si tu prends un sac de farine, il y a des gens qui viennent te braquer, t'agresser. Il n'y a pas de loi. C'est la farine mélangé avec du sang", déplore Youssef.

Pour lui, "il faut faire un planning pour distribuer les aides humanitaires à tous les Gazaouis, deux millions d'habitants qui ne trouvent même pas de quoi manger. Il faut envoyer des messages, des sms aux familles pour leur dire de venir à tel ou tel endroit", pour mieux organiser ces opérations. 

"Quand il y a une distribution de l'aide et que tout le monde se précipite, on a l'impression que c'est la fin du monde".

Youssef

à franceinfo

"On est des morts-vivants"

Youssef appelle "à arrêter les bombardements avant de distribuer de l'aide". Israël "bombarde, frappe" et fait "des largages". Ils disent que "le cessez-le-feu, ce sera du matin jusqu'au soir, et la nuit ils commencent à bombarder donc ça ne change rien", dénonce le journaliste gazaoui. Il décrit avec amertume la ville de Gaza : "Je marchais dans les rues, ça arrache le cœur, il n'y a pas de nourriture, il n'y a pas d'eau potable, il n'y a pas de médicament, il y a des maladies, on n'a pas de lait. On est des morts-vivants".

L'armée israélienne a annoncé ce dimanche matin qu'elle observerait "une pause tactique" quotidienne dans plusieurs zones de la bande de Gaza et qu'elle mettrait en place de couloirs humanitaires sécurisés pour les convois de l'ONU et des ONG afin de faire face à une crise alimentaire qui s'aggrave. Cette pause sera observée entre 9h et 19h (heure de Paris). 

Youssef s'interroge aussi sur les camions d'aide humanitaire en passe d'entrer dans la bande de Gaza : "Il y a 60 camions qui vont rentrer. La question qui se pose, ce n'est pas de savoir s'ils vont rentrer ou pas mais s'ils vont arriver au dépôt". "Est-ce qu'ils seront protégés ? C'est la question". Il assure qu'il y a "des personnes qui cherchent à manger et qui sont armées parce que c'est la jungle maintenant. Tout le monde veut vivre, tout le monde veut manger. Les prix sont horribles, un oignon coûte 30 euros, de l'ail 40 euros, 70 euros un kilo de sucre", s'insurge le journaliste gazaoui.

Le témoignage de Youssef, journaliste gazaoui, au micro de Marc Bertrand