Violences dans le cinéma : ce que l’on sait des premières recommandations de la commission Godrèche

Créée une première fois en mai 2024, après l’appel de l’actrice et réalisatrice Judith Godrèche, la commission d’enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l’audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité avait été interrompue en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale.

Les parlementaires fraîchement élus l’avaient relancée en octobre 2024, sous la présidence de l’écologiste Sandrine Rousseau. Après plus de cinq mois d’auditions, la commission présente ce mercredi 9 avril son rapport et des recommandations très attendues.

« Des constats parfois sévères mais nécessaires »

Selon Politis, qui dévoile quelques points en exclusivité, les députés font état de « constats parfois sévères mais nécessaires au regard des dysfonctionnements systémiques de l’ensemble des secteurs relevant du champ de la commission d’enquête ».

Pas moins de 87 pistes sont proposées, comme le soutien en direction des femmes à la création, le financement de travaux de recherche pour remettre leur travail oublié en valeur, afin de changer les stéréotypes et les versions quasi univoques d’un cinéma au regard patriarcal et sexiste. Faciliter l’accès de femmes à des postes de direction d’institutions culturelles semble aussi nécessaire.

Le rapport souligne également la faiblesse de l’inspection du travail face aux violences sexistes et sexuelles exercées sur les tournages ou dans le secteur culturel plus largement. Seules 0,9 % des interventions concernent ces milieux. Le rapporteur de la commission propose d’en renforcer ses pouvoirs en lui permettant d’interrompre des représentations si la sécurité des acteurs, comédiens, musiciens, chanteurs est en jeu.

Des formations étayées devraient aussi donner plus de force aux référents « violences et harcèlement sexistes et sexuels » sur les tournages, ou aux membres de l’équipe d’un film de façon systématique. La présence d’un enfant devrait aussi entraîner de nouvelles obligations et un accompagnement psychologique.

De nouvelles affaires dénoncées quasiment tous les jours

Quelle portée aura ce rapport ? Certaines de ses recommandations seront-elles biffées par l’exécutif comme certaines de celles présentées par la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), alors que de nouvelles affaires sont dénoncées quasiment tous les jours ?

Avec confiance, Judith Godrèche a rappelé les violences qu’elle avait subies enfant, entre les mains des réalisateurs adultes Benoît Jacquot et Jacques Doillon. « La dévoration d’un enfant par un loup » avait-elle résumé. L’actrice Sara Forestier avait scandalisé lorsqu’elle avait raconté son premier casting traumatisant et humiliant à l’âge de 13 ans. Seront-elles enfin entendues ?

Face à ses nombreux témoignages de femmes maltraitées, certains hommes de pouvoir ont aussi révélé une autre facette du milieu : le déni. Comme l’ancien agent et producteur Dominique Besnehard n’hésitant pas à demander la présomption d’innocence pour Gérard Depardieu, ou l’ancien directeur de l’information de TF1, Robert Namias, assurant n’avoir jamais rien vu durant 20 ans des agissements d’un Patrick Poivre d’Arvor, dont le bureau se situait au même étage du sien. Ce rapport fera-t-il enfin changer la honte change de camp ?

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