« Nous voulons la démocratie, pas un État religieux » : dans les rues de Damas, la revendication des femmes

Damas (Syrie), envoyé spécial.

La Syrie vit une période assez exceptionnelle. Il n’est qu’à parcourir les rues de la capitale ou de n’importe quelle autre ville du pays pour s’en rendre compte. C’est l’effervescence. La parole se libère deux semaines après la dislocation du régime pour préparer l’avenir. Les initiatives se multiplient, encore embryonnaires mais suffisamment médiatisées pour alerter les nouvelles autorités.

La semaine dernière, un monteur de cinéma, Rami Nedal, a lancé sur Facebook l’idée d’une rencontre pour discuter sans tabou de toutes les questions. Le lendemain, des centaines de personnes se sont rassemblées sur la place des Omeyyades en scandant : « Nous voulons la démocratie, pas un État religieux », « La religion est à Dieu et la nation à tous », « La Syrie, État libre et séculier ». Seuls quelques combattants armés, certains cagoulés, étaient présents sur le lieu de la manifestation, déambulant parmi les protestataires.

Pour un État libre et sans la charia

Le 22 décembre, les femmes se sont également rassemblées en plein centre-ville. « Nous prenons les devants pour protéger les femmes syriennes », explique à l’Humanité Diana Jabbour, scénariste et l’une des organisatrices du rassemblement. « Si nous ne participons pas maintenant, nous n’aurons aucun rôle. » Un sentiment partagé par Saman Adouan, plasticienne.

« Nous ne voulons pas de la charia comme inspiratrice des lois et que l’État soit confessionnel », souligne-t-elle en ajoutant : « Le droit des femmes n’est pas seulement vestimentaire, il est beaucoup plus profond. »

Reste à savoir combien de temps le pouvoir issu des mouvances djihadistes tolérera ce type de manifestations. Mais cette prise de conscience multiple pourrait compliquer le dessein d’Ahmed Al Charaa, de facto à la tête du pays.

Être le journal de la paix, notre défi quotidien

Depuis Jaurès, la défense de la paix est dans notre ADN.

  • Qui informe encore aujourd’hui sur les actions des pacifistes pour le désarmement ?
  • Combien de médias rappellent que les combats de décolonisation ont encore cours, et qu’ils doivent être soutenus ?
  • Combien valorisent les solidarités internationales, et s’engagent sans ambiguïté aux côtés des exilés ?

Nos valeurs n’ont pas de frontières.

Aidez-nous à soutenir le droit à l’autodétermination et l’option de la paix.
Je veux en savoir plus !