« On ne sait pas ce qui va se passer après, surtout s’ils islamisent tout » : des Arméniens aux Alaouites, les minorités syriennes dans le doute

Alep, Homs, montagnes druzes (Syrie), envoyé spécial.

Elle est encore là et domine toujours la ville. Un symbole, un emblème pour les habitants d’Alep qui, toutes générations confondues, l’ont toujours vue sur ce promontoire, comme un signe rassurant. La citadelle. Cette fortification qui a traversé les âges appartient à tout le monde.

À l’instar de toutes les communautés, notamment arménienne, qui peuplent la ville depuis des centaines d’années, voire plus. Elle a failli s’écrouler lors des rudes combats qui ont détruit et divisé la cité entre 2012 et 2016. Les souks avoisinants ont disparu sous les flammes. Les échanges de tirs – armes automatiques ou mortiers – violaient ses murs. À l’est, les djihadistes appliquaient leur loi religieuse, à l’ouest le gouvernement de Damas imposait son ordre. Et pourtant, la citadelle est toujours là, pilier de dignité.

Alep, première ville prise par le HTC

Un nouveau drapeau flotte, accroché à la rocaille, balayant celui de l’ancien régime que personne ou presque ne regrette. Des centaines de Syriens reviennent flâner sur l’esplanade en contrebas. Des familles entières profitent de ce moment, déambulant, heureuses, sans peur.

Les enfants tirent leur père par la manche pour une barbe à papa. Les jeunes filles, bras dessus bras dessous, avec ou sans voile, lunettes aux montures épaisses sur le nez, marchent en rigolant. Des garçons les observent l’air de rien, sourire aux lèvres. La lumière est voilée – c’est l’hiver –, mais le soleil – et avec lui, la vie – brille à nouveau. Peu importe que des hommes, un semblant de treillis sur le dos, une arme en bandoulière, se tiennent là, tranquillement. Ravis de se prendre en photo, ils se reposent sur le rude escalier qui mène à l’enceinte fortifiée.

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