État d'urgence à la frontière avec le Mexique, reprise de la construction du mur, suppression du droit du sol... Quels sont les grands projets de Donald Trump sur l'immigration ?
"Celui-là, il est important ! À peine intronisé, lundi 20 janvier, le président américain Donald Trump a signé une grande quantité de décrets, 78 précisément, pour défaire les mesures prises par son prédécesseur. De retour dans le Bureau ovale fraîchement redécoré, Donald Trump a passé en revue des piles de documents dans des pochettes de cuir et une boîte de ses feutres noirs favoris. Comme il l'avait promis pendant sa campagne, il s'est lancé dans une vaste offensive anti-immigration qu'il qualifie d'"invasion désastreuse", menaçant l'Amérique.
Face à lui, un petit groupe de journalistes avec qui il a engagé une conférence de presse improvisée d'une cinquantaine de minutes. À côté de lui, un conseiller qui lui passe un à un des documents sur lesquels il appose sa signature. Le 47ème président des Etats-Unis signe alors un décret - "Celui-là, il est important" - remettant en cause le droit du sol, qu'il juge "ridicule". Mais qui est garanti par la Constitution.
Première mesure : déclarer l'état d'urgence à la frontière avec le Mexique. "Ça, c'est un gros dossier", répond Donald Trump quand on lui présente le texte à signer. Ça veut dire que, désormais, il peut déployer l'armée dans cette région pour empêcher le passage des illégaux. Autre décret signé lundi : la remise en cause du droit du sol, un droit "ridicule", dit-il en soirée aux journalistes conviés dans le bureau ovale.
Rétablissement de la doctrine "Restez au Mexique"
D'autres chantiers importants sont encore à venir : la construction du mur qu'il n'avait jamais pu achever, ou le rétablissement de la doctrine "Restez au Mexique", l'une des mesures phare de son précédent mandat. Les demandeurs d'asile originaires d'Amérique centrale s'étaient alors retrouvés interdits d'entrée sur le sol américain, coincés côté mexicain, le temps qu'un tribunal traite leur demande.
Ce positionnement très ferme a déjà des conséquences concrètes. Lundi, par exemple, l'application CBP One a cessé de fonctionner. Lancée par l'administration Biden elle permettait aux demandeurs d'asile d'organiser leurs rendez-vous administratifs. Du jour au lendemain, tous les rendez-vous ont été annulés, ce qui a déclenché des scènes de désespoir et d'incompréhension au poste-frontière côté mexicain.
Des contestations judiciaires attendues
Donald Trump prévoit beaucoup de choses mais tout ne sera sans doute pas mis en œuvre. Il va y avoir des contestations judiciaires, notamment sur la suppression du droit du sol qui fait que toute personne née sur le sol américain se voit automatiquement accorder la citoyenneté américaine. Cette disposition est garantie par le 14e amendement de la Constitution. Normalement, un président ne peut pas la modifier par décret, il faut en passer par une procédure d'amendement constitutionnel très complexe. Mais les Etats se sont préparés à ce retour de Donald Trump. La Californie, et elle n'est pas la seule, a récemment mis de côté 25 millions de dollars pour financer d'éventuelles batailles judiciaires.
Sur les vagues d'expulsions massives de clandestins qu'il avait annoncées, pour l'instant, ni Donald Trump ni son administration n'ont communiqué sur le sujet mais l'inquiétude grandit dans des villes sanctuaires, comme Los Angeles, New York et Chicago qui refusent de coopérer à 100% avec les autorités fédérales. L'homme en charge de ce dossier, Tom Homan, menace de leur supprimer les aides du gouvernement si elles continuent à faire de la résistance. Mais les associations d'aide aux migrants redoutent des séparations familiales et des violations des droits de l'homme. Le pape François a, lui-même, qualifié le plan d'expulsion massive de "calamité".