Au meeting de Renaissance, Gabriel Attal veut rassembler d’abord et penser après
Qu’importe que personne n’y croie, l’important c’est de le répéter : « Nous sommes dans un véritable moment de rassemblement ! » Au micro, ce dimanche 6 avril à la Cité du cinéma de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Gabriel Attal, secrétaire général de Renaissance, annonce le temps de la « refondation ».
Neuf ans jour pour jour après le lancement d’En marche par Emmanuel Macron, l’ancien premier ministre a convoqué les siens pour répondre à deux questions. « Que sommes-nous devenus et qu’allons-nous devenir ? lance-t-il au millier de personnes présentes. Ne nous contentons pas d’être une digue face aux extrêmes, repartons à la conquête. Passons du bloc central à la dynamique totale pour les municipales. »
À ses côtés, François Bayrou et Édouard Philippe, actuel et ancien chef du gouvernement, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, mais aussi la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ont pourtant certainement une autre échéance en tête : l’élection présidentielle de 2027. En témoignent leurs différentes prises de parole, véritables professions de foi orales.
« Nous devons parler aux Français populaires pour combattre de la même manière l’extrême gauche et l’extrême droite, scande Gérald Darmanin. Mais il manque une chaise, celle des LR. Je le dis à Laurent Wauquiez et à Bruno Retailleau : nous vous laissons terminer votre campagne interne et nous irons ensemble gagner l’élection présidentielle. » « Il n’est pas nécessaire de parler de l’adversaire, avertit pour sa part Édouard Philippe. Il faut simplement dire ce que l’on veut faire. Une base large et un projet clair : la politique se résume à cela. »
« Notre rôle n’est pas de trouver des solutions aux problèmes de Le Pen »
Gabriel Attal choisit pourtant, dans un premier temps, le parti inverse. Avant de se pencher sur ce « nous » qu’il avait tant à cœur de déconstruire pour mieux le relancer, le chef des députés du camp présidentiel préfère finalement insister sur « eux » – les fameux « extrêmes » qu’il ne sépare que d’un signe égal. Vieille recette macroniste. « Aujourd’hui, tout nous rappelle à nos valeurs, développe-t-il. Nous défendons nos institutions au moment où l’extrême droite se réunit pour attaquer l’État de droit. Ici, nous ne contesterons jamais les juges, surtout à un moment où tout est contesté. Et nous défendons les valeurs de la République face à La France insoumise, son communautarisme et son antisémitisme. »
Sur le premier point, François Bayrou comme son garde des Sceaux gardent le silence. Eux qui avaient fait part de leurs interrogations, à l’Assemblée, à la suite de la condamnation de Marine Le Pen, cette semaine. Jusqu’à presser la justice de se hâter pour la juger en appel, au mépris de la séparation des pouvoirs.
Un affront à ces mêmes institutions que leur camp dit pourtant défendre fièrement ce dimanche. « Je ne sais pas si nous sommes un bloc ou un orchestre symphonique, mais nous devons créer les conditions de l’unité. Nous avons plus de choses en commun que les extrêmes qui veulent travailler entre extrêmes », se contente seulement de dire le maire de Pau.
Également invité à prendre la parole, Hervé Marseille, sénateur et président de l’UDI, membre du « bloc central », semble cependant rappeler à l’ordre les deux ministres : « Notre rôle n’est pas de trouver des solutions aux problèmes de Mme Le Pen. Les juges ont rendu une décision sur la base d’une loi votée par le législateur. »
Des militants sévères à propos du parti
À l’occasion de cette journée, ateliers et conférences militantes se sont enchaînés sur tous les sujets. De l’état de la démocratie, prise « entre le wokisme et le trumpisme », comme semble le croire la sociologue Dominique Schnapper, jusqu’à celui du parti lui-même.
Dans une salle annexe, dans un « moment interne », comme présenté par l’ancienne ministre Prisca Thevenot, les conclusions des « états généraux de Renaissance » sont « restituées » à quelques dizaines de militants. Gabriel Attal est là encore au rendez-vous.
Depuis le mois de janvier, 500 ateliers réunissant près de 5 500 personnes ont eu lieu dans tous les comités locaux de l’organisation, se vante l’ancienne porte-parole gouvernementale. Et les conclusions des adhérents, à l’issue de ce processus consultatif, sont nombreuses et souvent sévères : manque d’ancrage local, culture du débat interne trop peu développée, compétences des militants peu valorisées…
« Nous répondrons à toutes vos remarques pour être à la hauteur du premier enjeu pour gagner : réinvestir le champ des idées », promet l’ancien premier ministre. Mais quelles idées ? Parmi les grandes orientations plébiscitées par les militants, l’une revient particulièrement : « Le pragmatisme. » Ça ne fait pas un programme, encore moins un « rassemblement ».
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
- nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
- nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.
Je veux en savoir plus