Élu à la tête de Renaissance, Gabriel Attal déclare, sans rire, vouloir être « le parti des travailleurs »

Gabriel Attal pourra-t-il sauver le parti présidentiel ? L’ancien premier ministre a été élu secrétaire général de Renaissance, dimanche 8 décembre à Paris, avec 94,9 % des voix. Il était d’ailleurs le seul candidat en lice. Si les sourires étaient de mise, l’acclamation qu’il a reçue de la part d’environ 350 cadres du parti cache mal l’état de la formation, qui traverse une crise profonde.

Alors qu’En Marche (le nom du parti à l’époque) revendiquait 450 000 sympathisants en 2017, Renaissance n’en rassemblait plus que 35 000 à l’été 2023, et aurait même chuté à 8 500 adhérents en octobre 2024. Dans le même temps, les députés du parti présidentiel sont passés de 314 à 94…

« Où est partie la promesse de 2016 ? »

Le nouveau chef de file des marcheurs n’a pas fait mystère de ces difficultés, appelant même à l’organisation « d’États généraux ». Après 7 ans du pouvoir, la Macronie s’est profondément abîmée et l’heure est à l’inventaire, « pour dire ce qui ne va pas. Ce qui vous a déçus. Ce qui vous inquiète. Ce qui vous donne espoir. Ce que vous voulez faire pour l’avenir », promet Gabriel Attal. Rendez-vous est pris en janvier, chaque comité local étant appelé à se réunir pour débattre de la question « où est partie la promesse de 2016 ? »

L’ancien premier ministre, aujourd’hui président du groupe Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée nationale, dit vouloir « faire un bilan, sans faux-semblant, sans éviter les sujets qui font mal », tout en saluant la figure d’Emmanuel Macron. « Si je suis là, c’est grâce à lui », a même insisté l’ancien fils prodigue.

Il est fort à parier que les responsables locaux n’auront aucun mal à trouver d’anciens adhérents déçus, s’ils jouent vraiment le jeu, puisque de nombreux repentis confient régulièrement leurs désillusions. Des députés ne cessent d’ailleurs de quitter le navire, comme Sophie Errante en septembre ou comme Stella Dupont en octobre. Sacha Houlié, ex-président de la Commission des Lois de l’Assemblée nationale, a lui aussi claqué la porte en juillet. Et d’anciens soutiens comme Alain Minc et Jean-Michel Blanquer tancent aujourd’hui Emmanuel Macron « d’ange déchu » et « d’enfant roi ».

Un résultat attendu

Gabriel Attal prend la succession de Stéphane Séjourné, alors que le président cherche un nouveau premier ministre depuis que Michel Barnier a été censuré la semaine dernière. De son côté, Élisabeth Born, elle aussi ancienne première ministre d’Emmanuel Macron, est élue présidente du Conseil national du parti. Un accord avait été trouvé entre eux, chacun se présentant seul à son poste respectif. Et c’est ensemble qu’ils devraient décider de la future composition du bureau exécutif du parti.

Lors de son discours de victoire, le nouveau secrétaire général a sans rire déclaré « nous serons le parti du travail, le parti des travailleurs », alors que la Macronie a bien plus servi le capital que le travail lors de ses sept années de pouvoir. Fustigeant la censure votée contre Michel Barnier, Gabriel Attal n’a pas dit mot de la stratégie mortifère de son camp, qui a préféré envoyer un élu LR à Matignon avec le soutien tacite de l’extrême droite plutôt que de laisser le Nouveau Front populaire gouverner. Reste à savoir ce que fera Renaissance demain…

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