Présidence de LR : Bruno Retailleau en opération reconquête pour éjecter Laurent Wauquiez

Il n’est jamais trop tôt pour se mettre en marche. S’il est loin d’être un macroniste, Bruno Retailleau l’a bien compris. À un peu plus de deux ans de l’élection présidentielle, entre déclarations tapageuses et ambitions assumées, le ministre de l’Intérieur s’active ardemment pour reprendre à lui seul l’étendard de la droite la plus dure. « Bien sûr que je veux jouer un rôle dans la reconstruction de la droite », confiait-il déjà à l’hebdomadaire Valeurs actuelles fin janvier. Première étape : faire de LR (« Les Républicains ») son vaisseau amiral pour 2027.

Pour tenter d’accéder à sa présidence lors du prochain congrès du parti les 17 et 18 mai 2025, et ainsi succéder à Éric Ciotti, le Vendéen accumule les soutiens ces dernières semaines. Le président du Sénat, Gérard Larcher, pour qui Bruno Retailleau « répond aux attentes des Français sur la sécurité et l’identité », mais aussi l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, le président de l’Association des maires de France, David Lisnard, ou encore le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand.

Copé, Bertrand et Pécresse en soutien

Ce dimanche 16 mars, une nouvelle alliée de poids s’est déclarée en sa faveur : Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France. « Il est l’homme de la situation pour relever la droite parce que les Français recherchent de la force, de la sincérité et des résultats, a-t-elle déclaré dans un entretien au Figaro. Au gouvernement, il incarne le choc d’autorité dont le pays a besoin. »

Face à lui, son principal concurrent, Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine (DR) à l’Assemblée, soutenu seulement par le maire de Valence, Nicolas Daragon, et le député du Val-de-Marne, Vincent Jeanbrun, fait bien pâle figure. « Quelle est ma force ? Je ne dois rien à François Bayrou, tente d’argumenter Wauquiez pour élargir sa base. J’ai donc la liberté de porter la parole de la droite sans être lié par la solidarité gouvernementale. Quand on veut s’occuper d’un parti, c’est essentiel. »

Jusqu’au congrès, Bruno Retailleau entend bien faire feu de tout bois pour occuper au maximum l’espace médiatique, quitte à le saturer, et ainsi incarner par l’outrance cette « fermeté » tant vantée par ses partisans. Les débats ouverts ce lundi autour de la proposition de loi sur la lutte contre le narcotrafic, qu’il soutient jusqu’à souhaiter le retour de mesures controversées retirées en commission comme l’extension de la surveillance algorithmique, seront une occasion en or dans ce but.

Une posture de fermeté

Il a même menacé de démissionner, ce dimanche, auprès du Parisien, si sa volonté « d’assumer le bras de fer avec l’Algérie » n’était pas suivie par l’exécutif. En cause : les propos d’Emmanuel Macron, trop timoré à son goût, prônant « un dialogue exigeant et respectueux avec Alger ».

Dans les mêmes colonnes, Bruno Retailleau s’est permis de contredire la ministre des Sports, Marie Barsacq, coupable selon lui de mettre en garde contre les « confusions » et les « amalgames » entre le port du hijab et la radicalisation dans le sport. « Le port du voile, ce n’est pas de l’entrisme », avait-elle asséné lors d’une audition à l’Assemblée nationale le mercredi 12 mars. « Le fondamentalisme n’a aucune place dans le sport, a tenu à répondre le ministre de l’Intérieur. Or, au ministère, j’ai un certain nombre d’informations qui démontrent un entrisme islamiste. Je rappelle que le voile n’est pas une liberté mais une soumission de la femme. »

« Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez poursuivent un objectif commun : reconquérir un électorat très à droite, qui, lors de l’élection présidentielle de 2022, a tourné le dos à LR pour voter en faveur d’Éric Zemmour », observe l’historien Gilles Richard, interrogé par le Nouvel Observateur.

Une différence est cependant à noter : si Laurent Wauquiez s’est longtemps présenté comme héritier de la « droite giscardo-balladurienne, néolibérale et pro-européenne » avant de se convertir par « opportunisme » au nationalisme, comme le note l’universitaire, Bruno Retailleau, lui, « vient de la droite vendéenne, catholique, conservatrice et monarchiste, imprégnée d’islamophobie et de rejet de l’immigration ». Et c’est à partir de cet espace idéologique qu’il entend faire revenir la droite au pouvoir.

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