Le Honduras dénonce son traité d'extradition signé en 1912 avec les États-Unis

Le Honduras a dénoncé mercredi son traité d'extradition avec les États-Unis, un instrument-clé dans la lutte contre le trafic international de drogue, en accusant Washington d'ingérence dans sa politique étrangère. «L'ingérence et l'interventionnisme des États-Unis, tout comme leur intention de diriger la politique du Honduras à travers leur ambassade et autres représentants, est intolérable», a écrit sur X la présidente de gauche Xiomara Castro, ajoutant qu'elle avait ordonné au ministre des Affaires étrangères de «dénoncer le traité d'extradition».

Ce traité, signé en 1912, était une des principales armes pour lutter contre le «narco-État» qu'est devenu le Honduras sous la présidence de Juan Orlando Hernandez (2014-2022). En vertu de ce traité, une cinquantaine de Honduriens ont été livrés aux États-Unis depuis 2014. Parmi eux figure Juan Orlando Hernandez lui-même, condamné en juin à 45 ans de prison par un tribunal de New York pour avoir conspiré avec les cartels mexicains et utilisé la police et l'armée de son pays pour les aider à introduire de la cocaïne aux États-Unis. Son frère, l'ancien député Antonio «Tony» Hernandez, purge lui une peine de prison à vie aux États-Unis pour trafic de drogue.

La rupture du traité intervient après des critiques de l'ambassadrice américaine à Tegucigalpa, Laura Dogu, contre une réunion entre une délégation hondurienne de haut niveau et le ministre de la Défense du Venezuela, Vladimir Padrino Lopez, sanctionné par Washington et sous le coup d'une inculpation aux États-Unis pour trafic de drogue. «Il a été surprenant pour moi de voir le ministre de la Défense et le chef d'état-major assis à côté d'un narcotrafiquant au Venezuela», avait dit Mme Dogu à des journalistes à Tegucigalpa. Les États-Unis «attaquent, méprisent et violent impunément les principes et les pratiques du droit international», s'est emportée Mme Castro.

Arrivée au pouvoir en janvier 2022, Xiomara Castroa promis de s'attaquer au trafic de stupéfiants et à la corruption mais a hérité d'un pays où policiers, soldats, juges, élus et hommes d'affaires, ont pratiquement tous eu, et pour certains ont encore, des liens avec le narcotrafic. Le Honduras est aussi un des seuls pays d'Amérique latine - avec Cuba, le Nicaragua et la Bolivie - à avoir reconnu la victoire de Nicolas Maduro à la présidentielle du 28 juillet au Venezuela, alors que l'opposition et la majeure partie de la communauté internationale dénoncent une fraude.