Transformer Gaza en "Côte d'Azur du Moyen-Orient" : Donald Trump dans la posture d’un chef de chantier

Le président américain a évoqué l'idée d'une "prise de contrôle à long terme" des États-Unis à Gaza durant la nuit de mardi 4 à mercredi 5 février à Washington, lors de la réception du Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le premier dirigeant étranger accueilli à la Maison Blanche.

Donald Trump a surpris l'auditoire en proposant de transformer Gaza en "la Côte d'Azur du Moyen-Orient". Un peu plus tôt, il avait décrit Gaza comme un "tas de gravats", qualifiant le territoire de "site de démolition" après 15 mois de guerre. Ce n’était que le début de ses propos, qu'il a détaillé avec une grande décontraction aux côtés de Benyamin Nétanyahou.

Par la suite, Donald Trump a déclaré : "Pourquoi voudraient-ils revenir là-bas ? C'est devenu un enfer, l'un des pires endroits sur Terre. Personne ne peut y vivre." Avant d'ajouter : "Nous allons investir, reconstruire, avec d'autres nations très riches. Les habitants pourraient aller ailleurs, en Jordanie, en Égypte ou ailleurs, dans des endroits où nous pourrions faire de belles villes avec de belles maisons, pour qu'ils puissent vivre et ne pas mourir."

Benyamin Nétanyahou semble pris entre une forme de satisfaction et une grande stupéfaction. Le Premier ministre israélien savait qu'il pouvait compter sur le soutien de Donald Trump, mais il est probablement conscient de l'irréalisme d'une proposition qui va au-delà même des idées les plus extrêmes de la droite israélienne.

Est-ce un projet possible ? Sans même évoquer le droit international ou le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, des notions étrangères à Donald Trump, il existe une réalité : celle de la présence de deux millions de Gazaouis vivant sur ce territoire depuis des siècles. Le président américain semble ne pas se soucier de cette réalité historique ou des désirs des pays voisins d’accueillir cette population.

Donald Trump pousse toujours plus loin les limites de l'acceptable

Donald Trump aborde la situation comme un chef de chantier ou un promoteur immobilier, posant la première pierre de sa vision du Moyen-Orient. Depuis son élection, il pousse toujours plus loin les limites de l'acceptable, suggérant des solutions extrêmes pour amorcer des négociations, quitte à revenir en arrière pour obtenir des concessions.

Le président américain compte sur sa puissance et ses leviers économiques, notamment sur l’Égypte, qui traverse une crise économique et qui, avec Israël, bénéficie encore de l’aide américaine. De plus, durant son premier mandat, Donald Trump avait amorcé un processus de normalisation des relations entre Israël et plusieurs pays de la région, un processus qu'il souhaite poursuivre, en particulier avec l'Arabie saoudite. Cependant, mardi soir, l’Arabie saoudite a clairement écarté toute avancée vers un rapprochement avec Israël sans la création d’un État palestinien.