Hongrie : comment sous couvert de « la protection de l’identité locale » une nouvelle loi permet aux maires de discriminer les nouveaux arrivants

En comparant la politique migratoire européenne à un « échange de population pour remplacer le socle culturel de l’Europe », le premier ministre hongrois Viktor Orbán validait la légende raciste du « grand remplacement », alors qu’il était invité par le RN aux côtés de l’internationale fasciste dans le Loiret, le 9 juin.

Trois semaines plus tard, une mesure qui acte législativement la possibilité de discriminer les habitants d’une commune s’apprête à entrer en vigueur, mardi 1er juillet, rapporte le site d’investigation Mediapart. Le préambule met en garde contre les effets d’une « immigration non désirée », accusée « d’entraîner une disproportion entre la population locale et les nouveaux arrivants, de transformer le mode de vie mais aussi d’avoir un effet négatif sur les conditions de vie des générations futures ».

La législation permet à chaque commune de choisir qui peut ou non acheter un terrain

Nommée loi « sur la protection de l’identité locale », le texte accorde de manière facultative aux collectivités l’usage d’un « droit à l’autodéfense » inscrit dans la loi fondamentale. La mesure est passée relativement inaperçue, tandis que tous les regards européens étaient tournés durant le week-end du 28 juin vers la capitale hongroise suite à la décision du premier ministre Viktor Orbán et de son parti d’extrême droite, Fidesz, d’interdire la marche des fiertés.

Concrètement, la législation permet à chaque commune de choisir qui peut ou non acheter un terrain, une maison ou un appartement sur son territoire. « La communauté de la commune a in fine le droit de déterminer qui peut s’installer dans la commune et dans quelles conditions », est-il inscrit dans cette loi adoptée le 11 juin avec 141 voix sur 199.

Cette mesure a été prise en écho à une affaire de racisme qui s’était déroulée en 2017 et dont le premier ministre Viktor Orbán s’était emparé. Un aubergiste d’une commune du sud de la Hongrie avait dû renoncer à accueillir une des enfants réfugiés du Moyen-Orient pour quelques jours de vacances après s’être fait insulter et menacer. Le maire avait dû démissionner.

Le dirigeant d’extrême droite avait profité de l’occasion pour lancer : « Les gens ne veulent pas accueillir de migrants, ni dans leur pays, ni dans leur village. (…) C’est très bien que (les riverains) se soient exprimés avec autant de détermination, de bruit et de clarté. » Une énième saillie xénophobe qui, au-delà des mots, se traduit en une politique discriminatoire au niveau national.

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