Marche des fiertés : à Budapest, une Pride comme front du refus face aux lois d’Orban
Aux couleurs arc-en-ciel, Budapest entend samedi entrer en résistance contre Viktor Orbán. La Marche des fiertés, prévue ce 28 juin et interdite par le pouvoir hongrois, se tiendra bel et bien. « La liberté n’est pas un privilège, mais un droit fondamental », a lancé le maire écologiste de la capitale hongroise, Gergely Karacsony. L’édile refuse de reculer. Il a maintenu le rassemblement, en dépit des menaces d’emprisonnement. Si les participants s’exposent à des amendes pouvant aller jusqu’à 500 euros, organiser ou faire la promotion de l’événement est passible d’un an de prison, a indiqué le ministre de Justice.
C’est un « honneur », a réagi Gergely Karacsony, pour qui « cette année encore, Budapest représente fièrement l’amour, l’acceptation et la liberté ». De son côté, Tamas Terdik, qui dirige la police de Budapest, a confirmé le 19 juin l’interdiction de la manifestation à la suite d’un arrêté préfectoral. Le document de 16 pages s’appuie sur la loi anti-LGBTQIA + adoptée en mars, prohibant tout rassemblement jugé contraire à la législation de 2021 sur la « protection de l’enfance », qui interdit la promotion de l’homosexualité et du changement de sexe aux mineurs.
70 députés européens attendus
Les organisateurs attendent plus de 35 000 personnes, pronostiquant « la plus grande Pride » depuis sa création dans les années 1990. Cette marche prend la tournure d’un bras de fer entre une partie de l’Europe et la Hongrie. Une trentaine d’ambassades et instituts culturels ont publié un communiqué commun réaffirmant leur « soutien aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, intersexuées et queer en Hongrie et dans le monde ». Le gouvernement hongrois leur a répondu, par courrier, via le ministre de la Justice, Bence Tuzson : « La situation juridique est claire, la Pride est un rassemblement interdit par la loi. » Pour l’eurodéputée Terry Reintke (Verts/ALE), « le droit de se réunir librement est un pilier de toutes nos démocraties ».
Dans la capitale hongroise, près de 70 députés européens ainsi que la commissaire européenne chargée de l’égalité, Hadja Lahbib, vont défiler afin de condamner ces nouveaux coups portés à l’État de droit. « Viktor Orbán continue de ronger les droits fondamentaux. Cette fois le dirigeant fasciste hongrois justifie de s’en prendre aux LGBTQIA + et aux Marches des fiertés pour « protéger les enfants ». C’est à vomir, s’emporte la coprésidente du groupe La Gauche Manon Aubry. Son administration a autorisé une vidéosurveillance accrue, des milliers d’euros d’amende et des peines de prison. Une dizaine de députés de notre groupe, La Gauche, ira samedi soutenir les Hongrois et lutter contre cette nouvelle menace d’un gouvernement réactionnaire ».
Les autorités hongroises, qui veulent invisibiliser de l’espace public les minorités sexuelles, ont réclamé que la marche se déroule dans un lieu fermé, comme un stade ou un hippodrome, à l’abri du regard des mineurs. Outre une forte présence policière et la reconnaissance faciale, des rassemblements de groupuscules néonazis sont également prévus le même jour. « Ce combat contre le fascisme passe cette fois par Budapest mais s’étend jusqu’à Paris. En France, Jordan Bardella avec le RN, ou Giorgia Meloni en Italie défendent les mêmes idées xénophobes et racistes. Il faut défendre nos libertés et celle de pouvoir aimer qui on veut et d’être qui on veut », poursuit l’eurodéputée Manon Aubry. Quant à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, elle a simplement appelé mercredi soir les autorités hongroises à lever l’interdiction. « La Commission démontre encore sa lâcheté et Ursula von der Leyen fait du « pinkwashing ». En Hongrie, les discours et les violences durent depuis des années contre les droits LGBTQIA +, elle n’a engagé aucune sanction », conclut la députée européenne.
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