Droits LGBTQIA + : en Hongrie, le bras de fer s’intensifie entre Viktor Orbán et Budapest au sujet de la marche des fiertés

La mairie de la capitale hongroise, dirigée par l’écologiste Gergely Karacsony, est bien décidée à maintenir coûte que coûte la marche des Fiertés, contre l’avis du gouvernement d’extrême droite. « Le 28 juin, la municipalité organisera la Budapest Pride. Point final », a affirmé l’édile sur Facebook. Ce message fait suite à l’arrêté préfectoral signé jeudi 19 juin par Tamas Terdik, chef de la police de Budapest, qui renouvelle l’interdiction du défilé sur le fondement d’une loi adoptée en mars 2025.

Largement soutenue par la coalition au pouvoir, cette loi constitutionnelle a été votée malgré la mobilisation de l’opposition. Elle porte sur la « liberté de réunion », en cohérence avec la politique menée par le leader hongrois depuis le début de son mandat, et vise à réprimer les minorités sexuelles et à les invisibiliser de l’espace public en interdisant de facto la marche des fiertés. Elle cherche surtout à prohiber tous les rassemblements qui enfreignent la loi de 2021 sur l’interdiction d’évoquer « l’homosexualité et le changement de sexe » devant des mineurs. Puisque la manifestation est publique, la présence de mineurs est évidente et tout à fait banale.

À la suite de l’arrêté préfectoral pris jeudi 19 juin, Budapest a décidé d’organiser la marche elle-même. La « Budapest Pride » étant désormais un événement municipal, ses organisateurs n’ont pas besoin d’autorisation officielle des autorités, contrairement aux collectifs qui en étaient à l’origine. Pour le maire, « cette décision d’interdiction n’a aucune valeur. » Mais le fait que la municipalité prenne les devants peut toujours faire l’objet d’une contestation par le biais d’une démarche de la cour suprême hongroise déposée à la préfecture de police de Budapest.

Pour Orban, une stratégie électorale

À 10 mois des prochaines élections législatives, le président nationaliste se retrouve en grande difficulté dans les sondages face à son principal concurrent, Péter Magyar du parti Respect et Liberté (droite). Cherchant à reconquérir un électorat conservateur, de plus en plus séduit par son rival, Viktor Orbán choisi de durcir les politiques anti-LGBT et d’appuyer toujours plus les valeurs familiales de la chrétienté qui figurent dans la Constitution du pays depuis plus d’une décennie.

Les réactions ailleurs en Europe ne se sont pas fait attendre. Plusieurs dizaines d’eurodéputés du centre et de la gauche ont décidé de se rendre à la marche en protestation à cette décision inique et face à la montée de l’extrême droite et des idées réactionnaire sur tout le continent. Manon Aubry, co-présidente du groupe The left au parlement européen (LFI), a annoncé sur X : « avec plusieurs élus de mon groupe (…) nous marcherons avec fierté face aux méthodes d’intimidation de la police hongroise. »

Pour l’heure, en plus des eurodéputés, 20 États membres de l’union européenne ont exposé leur désaccord avec les politiques d’extrême droite en Hongrie au conseil des affaires générales. Ils réclament la poursuite des sanctions en vertu de l’article 7 du Traité sur l’UE : il manque encore un État pour atteindre le quorum des 21 pays nécessaire. Cette procédure pourrait mener à la suspension du droit de vote de la Hongrie au sein des institutions européennes.

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