REPORTAGE. "C'est signer la mort de notre activité" : à Paris, les auto-entrepreneurs craignent l'abaissement du seuil de la TVA
Les auto-entrepreneurs et travailleurs indépendants étaient dans la rue, mardi 25 mars, dans 15 villes de France, à Montpellier, Tours, Nantes, Lyon, Toulouse, Marseille ou encore Paris, 20 000 en tout selon les syndicats. Ils étaient mobilisés pour protester contre la réforme du seuil de franchise unique de TVA, qui sera, à partir du 1er juin, abaissé à 25 000 euros, contre 37 500 actuellement. Au-delà de ce chiffre d'affaires, les professionnels devront donc s'acquitter d'une taxe.
Une réforme jugée injuste dans le cadre de la dernière loi de finances, qui avait suscité une importante levée de boucliers chez ces professionnels. À Paris, ils étaient environ 200 à faire entendre leurs voix près des Invalides, lors d'une mobilisation inédite. Dans une atmosphère presque pesante, les auto-entrepreneurs et indépendants livrent leurs témoignages, l'un après l'autre, au mégaphone. Pour certains, "payer cette TVA, c'est signer la mort de notre activité".
Des professionnels prêts à dissimuler certains revenus
Hélène est thérapeute psycho-corporelle et se dit paniquée. "Je ne peux pas demander à mes clients de payer plus. Et si je suis obligée, moi-même, de payer la TVA de ma poche à partir de 25 000 euros, je ferme ma boutique. Je ne peux plus voir le monde, ça vide ma caisse." Elle avoue déjà "galérer", se dégageant à peine un SMIC par mois, environ 1 400 euros.
À 25 ans, Amélie, technicienne en extension de cils, est déjà résignée. "Il faut savoir que sans TVA, j'arrive plus ou moins à me faire un SMIC, voire un peu plus certains mois puisque forcément, j'ai des salaires qui sont variables."
"Si la réforme de la TVA passe, je vais me retrouver à 1 000 euros net par mois. Je ne vois pas le principe de faire un métier qui me plait si je ne peux pas en vivre derrière."
Amélie, technicienne en extension de cilsà franceinfo
Comme d'autres professionnels, Amélie dit être prête à dissimuler certains revenus, quitte à ne pas cotiser suffisamment pour sa protection sociale ou pour sa retraite.
Grégoire Leclercq, représentant de la Fédération des auto-entrepreneurs français, espère voir le gouvernement revenir sur la réforme. "S'il y a une vraie simplification à faire, c'est d'avoir un seuil unique, aligné sur l'Italie à 85 000 euros pour l'ensemble des prestations de services et de la revente. Là, au moins, on sera dans la simplification et dans un symbole de croissance et de dynamisme."
Aujourd'hui, la Fédération des auto-entrepreneurs souhaite une proposition de loi transpartisane pour abroger cette réforme.