L'abaissement du seuil de la TVA pour les auto-entrepreneurs est "une forme de racket", selon la Fédération nationale des auto-entrepreneurs

Avec l'adoption du budget 2025 à l'Assemblée nationale mercredi, le régime des auto-entrepreneurs est particulièrement bousculé par l'abaissement du plafond de chiffre d’affaires pour être exonéré de la TVA à 25 000 euros. "C'est une forme de racket", dénonce jeudi 6 février sur franceinfo Grégoire Leclercq, le président de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs.

"Et surtout, c'est une forme de très mauvaise compréhension du tissu économique local, du tissu économique des travailleurs précaires, des gens qui gagnent 1 500-2 000 euros net maximum par mois. On le voit beaucoup sur les réseaux [sociaux], ça passe pour du racket", répète-t-il. 

"On parle de travailleurs qui ne sont pas des riches entrepreneurs ou des multinationales."

Grégoire Leclercq, président de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs

à franceinfo

Selon la Fédération nationale des auto-entrepreneurs, la mesure va toucher environ 250 000 auto-entreprises avec des conséquences différentes en fonction des domaines d'activité : "Ça va toucher plutôt et de manière plus dure, ceux qui facturent particulièrement en B2C [opérations commerciales pour des clients particuliers - Ndlr]. Ceux qui facturent les entreprises sont moins impactées parce que leurs clients peuvent récupérer la TVA qu'ils vont collecter, donc ça sera plus simple pour eux. Mais effectivement, tous les métiers dans le service à la personne, dans le BTP, dans le bricolage, dans l'artisanat, les petites créations d'art, la vente sur les marchés, les gîtes et chambres d'hôtes et tout ce qui est vente ambulante, tout ce qui e-commerce, sont particulièrement impactés, vont comprendre très fortement ce choc fiscal sur la tête. Et ils sont dans une grande majorité des cas incapables de répercuter cette hausse de 20% sur leurs clients."

Les "magouilles" vont se multiplier

Toutefois, pour Grégoire Leclercq, aucune auto-entreprise "ne va fermer" à cause de ce changement, mais des combines ou "magouilles" vont se multiplier. "Ils vont se débrouiller de toutes les manières possibles pour cumuler avec du portage salarial, pour cumuler avec une deuxième auto-entreprise portée illégalement par le conjoint ou la conjointe pour, comme on le voit beaucoup, sous-déclarer une partie de ce chiffre d'affaires. Donc tout le monde va faire en sorte de s'échapper de ce plafond et de ne pas le franchir", assure-t-il.

Avec une conséquence pour les finances publiques, prédit le président de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs : "L'État ne touchera jamais -il est bien évident- la TVA escomptée et malheureusement l'État va perdre des cotisations sociales, puisque tout le chiffre d'affaires qui ne sera pas déclaré ou qui sera freiné naturellement par ces auto-entrepreneurs disparaîtra aussi en cotisations sociales. L'ardoise risque même d'être négative si on regarde bien les choses, donc ce n'est même pas bénéfique".

"Cette mesure n'a pas été accompagnée", elle "n'a pas été préparée", déplore-t-il. "Les entrepreneurs ne sauront pas la prendre en main et donc tout ça va finir dans un énorme camouflet gouvernemental", estime l'auto-entrepreneur. Il espère un projet de loi de finances rectificative (PLFR), qui permettrait "de revenir sur cet amendement et que chacun revienne à la raison que les gens se posent, que des calculs soient faits et qu'on se dise que ce n'était pas forcément une bonne idée".