EN DIRECT - Colère des agriculteurs : après les annonces d’Attal, quelle mobilisation ce samedi?
Combien gagnent vraiment les agriculteurs ? Ils ont ouvert leurs comptes au Figaro
Si les revendications du monde agricole en colère sont disparates, il y en a une qui fait quasiment l'unanimité : les revenus. Les agriculteurs ont le sentiment que leur travail n'est pas rémunéré à sa juste valeur. Mais combien gagnent-ils vraiment ? Selon les derniers chiffres de l'Insee, le revenu disponible moyen annuel des ménages agricoles s'élevait à 52.400 euros en 2018. Un tiers seulement provenant de l'activité agricole (17.700 euros).
Une moyenne qui ne veut pas forcément dire grand-chose, les situations économiques des agriculteurs étant très différentes en fonction des types d'exploitation mais aussi des territoires. Pour mieux comprendre leur réalité, Le Figaro a demandé à huit agriculteurs de faire la lumière sur leurs comptes. Producteurs laitiers, éleveurs, vigneronne, arboricultrice… ils ont accepté de partager un peu de leur quotidien, et de nous en dire plus sur le montant de leurs revenus, de leurs charges et des indispensables subventions :
La classe politique reste sceptique après les annonces du premier ministre
Les annonces du premier ministre, vendredi soir, dans l'espoir d'apaiser la colère des agriculteurs, n'ont pas convaincu la classe politique. De la promesse d'un «choc de simplification» à la fin de la hausse du GNR agricole (gazole non-routier), les premières réactions n'étaient pas teintées, d'un enthousiasme débordant.
À droite, Les Républicains sont très mitigés. «On n'apporte pas une preuve d'amour avec une simplification du contrat de mariage. Je n'ai rien entendu sur la réciprocité et la concurrence déloyale. La vérité, c'est que nos agriculteurs sont faits cocus par nos importations déloyales qui ne respectent pas nos normes», réagit le député Antoine Vermorel-Marques, en invitant le gouvernement à s'emparer de la proposition LR sur le sujet.
Quant à l'annulation de la hausse sur le GNR, il estime que cela ne change «rien» à ce qui était prévu. Pour Julien Dive, député de l'Aisne, qui dévoilera mercredi un livre blanc sur l'agriculture préparé avec son collègue sénateur de la Haute-Loire Laurent Duplomb, le premier ministre «pose le bon diagnostic». Mais le parlementaire se dit «déçu»: On reste sur notre faim: il annonce vouloir simplifier, d'accord, mais c'est un peu flou. Ça manque de concret.»
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L'agriculteur Jérôme Bayle annonce la levée du barrage de Carbonne pour samedi midi
L'éleveur occitan Jérôme Bayle, initiateur du premier barrage devenu une figure de la contestation, a annoncé au côté du premier ministre Gabriel Attal que le barrage de Carbonne (Haute-Garonne) serait levé d'ici samedi midi. «Si on s'est battus, c'est pour arrêter tout ça (...) ce soir je vous annonce que demain midi l'autoroute (A64) pourra circuler», a-t-il lancé sous les applaudissements des agriculteurs, après l'annonce des mesures de simplification et d'aides à la profession dévoilées par le chef du gouvernement.
Peu avant, Jérôme Bayle avait estimé avoir «gagné» sur trois points principaux : l'abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), l'irrigation et les aides pour les éleveurs face à la maladie hémorragique épizootique (MHE). Une satisfaction que ne partageait pas le patron du syndicat majoritaire FNSEA, Arnaud Rousseau, qui a appelé à la poursuite de la mobilisation.
Jérôme Bayle et Bruno Ferret, leaders inattendus d'une révolte paysanne annoncée
Ils sont devenus, un peu malgré eux, des leaders de la contestation agricole. Depuis la semaine dernière, Jérôme Bayle et Bruno Ferret multiplient les interventions, dans les médias et sur les réseaux sociaux pour alerter sur le mal-être paysan. Le premier, inconnu du grand public, est un quadragénaire à la carrure de rugbyman -1,86 mètre pour 108 kg-, éleveur de vaches limousines dans le Volvestre, en Haute-Garonne.
Jeudi 18 janvier, il a mis le feu aux poudres en installant un campement de fortune sur l'autoroute A64 reliant Toulouse à Bayonne, à hauteur de Carbonne. «Face à l'absence de réponses du préfet vis-à-vis de nos revendications (deux jours avant le blocage, 400 tracteurs défilaient dans les rues de Toulouse à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) d'Occitanie, NDLR), Jérôme Bayle s'est levé et a lancé à nos militants réunis place du Capitole: “Maintenant on bloque tout”», raconte Philippe Jougla, président de la FNSEA en Occitanie. «Il est plutôt réservé, mais quand il est déterminé à agir et convaincu de son combat, rien ne l'arrête et il est meneur d'hommes», précise Céline Imart, une agricultrice du Tarn qui l'a côtoyé lorsqu'ils étaient aux JA.
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Gabriel Attal et le malaise des agriculteurs : un sursaut sans rupture, l’édito d’Yves Thréard
On ne pouvait pas attendre un miracle de Gabriel Attal. Non pas parce que l'histoire de ce premier ministre «tient sur deux arrondissements de Paris», comme l'a décrit un journal suisse. Il n'était pas né, ce jeune homme de 34 ans, que le malaise du monde agricole commençait déjà à gagner les campagnes. C'était au tournant des années 1990.
Quand l'Union européenne a cessé de garantir les prix et conditionné ses aides au gel d'une partie des terres. Quand la cause écologiste est venue imposer ses diktats de production, sans contrepartie ni bon sens. Quand la grande distribution, tel un rouleau compresseur, s'est montrée de plus en plus intraitable dans ses négociations avec les producteurs.
Au nez et à la barbe des pouvoirs publics, elle continue à dicter sa loi pour empocher l'essentiel des marges à la vente. Ainsi s'éteint le monde paysan, qui compte aujourd'hui quelque 500.000 agriculteurs, deux fois moins qu'il y a trente ans. Tous les deux jours, l'un d'entre eux se donne la mort.
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Incendie au bureau des douanes à Nîmes, de «graves dégradations»
Un incendie, provoqué par des agriculteurs en colère, a causé vendredi soir de «graves dégradations» au bureau des Douanes à Nîmes, avec de «gros dégâts sur le bâtiment» et huit véhicules brûlés, a-t-on appris auprès de la préfecture du Gard. Déclenché à 19h15, le feu a été «maîtrisé à 21h10», ont précisé à l'AFP les pompiers qui ont «engagé dix véhicules et une trentaine de personnels», selon la préfecture.
Selon le service de communication de la préfecture, «huit véhicules légers ont été incendiés dans l'enceinte du bureau des Douanes par des individus entrés au volant d'engins agricoles», qui ont également causé de «gros dégâts sur le bâtiment et détruit le portail». En début de soirée, le préfet du Gard avait «condamné avec la plus grande fermeté ces graves dégradations», précisant qu'«une enquête est en cours pour identifier les auteurs».
La FNSEA appelle à poursuivre les blocages
Les mesures annoncées par le premier ministre ne sont pas suffisantes pour lever la mobilisation, a estimé la FNSEA, le principal syndicat d’agriculteurs, après une semaine de blocages.
«Ce qui a été dit ce soir ne calme pas la colère, il faut aller plus loin», a déclaré sur TF1 Arnaud Rousseau, patron de la FNSEA, alors que le syndicat majoritaire, associé aux Jeunes agriculteurs, a mobilisé «plus de 72.000 agriculteurs» dans «85 départements» pour exprimer un malaise profond.
Le premier ministre a abordé de nombreuses revendications agricoles, sans toutefois mentionner les pesticides, pour lesquels la FNSEA a récemment demandé un «moratoire sur l'interdiction». Le syndicat attend des réponses sur d'autres dossiers, liés à l'Ukraine, à la «surtransposition» en France des normes environnementales européennes ou à la retraite des agriculteurs.
De son côté, Véronique Le Floc'h, la présidente de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, a prévenu que les tracteurs de ses adhérents allaient «rester sur les routes», regrettant que le recul du gouvernement sur le GNR ne soit pas allé plus loin. La Confédération paysanne, troisième syndicat, classé à gauche, a aussi déploré des mesures qu'elle a qualifiées de «très largement insuffisantes».
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Gabriel Attal promet plusieurs mesures aux agriculteurs
Gabriel Attal a promis vendredi un «sursaut agricole» pour faire face à la colère profonde des campagnes, des mesures d'urgence saluées mais jugées insuffisantes pour lever la mobilisation par la FNSEA après une semaine de blocages.
Plusieurs mesures ont été annoncées par le premier ministre : l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), des indemnités gonflées pour les éleveurs touchés par la maladie des bovins MHE, des sanctions lourdes contre trois industriels de l'agro-alimentaire ne respectant pas les lois Egalim sur les prix.
Avec ces annonces, Gabriel Attal a accédé à quelques-unes des demandes les plus pressantes des manifestants. «On ne vous lâchera pas. Je ne vous lâcherai pas», a-t-il lancé depuis une exploitation bovine de Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne), jetant parfois un œil sur son discours posé sur un ballot de paille. «On a décidé de mettre l'agriculture au-dessus de tout», a-t-il ajouté.
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Bienvenue sur ce direct
Bonjour à tous, bienvenue sur ce direct consacré au mouvement de contestations des agriculteurs, qui manifestent depuis désormais plus d’une semaine afin de demander des réformes. Au lendemain des annonces de Gabriel Attal, quelle mobilisation ce samedi ?