Sous les huées, Netanyahou promet à l’Onu « de finir le travail à Gaza »

À l’extérieur de l’enceinte onusienne, des manifestations ont lieu pour dénoncer la venue de Benyamin Netanyahou. À l’intérieur, le premier ministre israélien est accueilli, ce vendredi, par des huées et le départ de nombreux délégués de l’Assemblée générale de l’Onu. Une scène d’une rareté au sein de l’organisation internationale qui pousse le dirigeant a retardé de quelques minutes le début de son discours. Ces protestations illustrent les critiques de nombreux dirigeants à la tribune des Nations unies depuis mardi contre les crimes commis par le gouvernement israélien. Sans sourciller, il commence son allocution en présentant une carte du Moyen-Orient. Il se félicite, en pointant avec un crayon d’avoir éliminé « les milices au Yémen, Mohammed Sinouar à Gaza, Hassan Nasrallah au Liban, Assad en Syrie, les chefs militaires et scientifiques en Iran » et promis de s’occuper des « milices en Irak ».

Nous n’avons pas terminé

Le nombre de sièges vides de l’Assemblée générale -geste peu fréquent pour des diplomates- montre à quel point Israël est isolé sur la scène internationale. Pourtant Benyamin Netanyahou a pu s’exprimer dans l’enceinte onusienne malgré le mandat d’arrêt à son encontre émis par la Cour pénale internationale (CPI). Alors que deux millions de Gazaouis vivent quotidiennement sous les bombardements, le blocus de l’aide humanitaire et une famine qui s’étend, le premier ministre israélien campe sur ses positions. Il maintient « nous n’avons pas terminé. Les vestiges du Hamas demeurent à Gaza et ils ont promis de répéter les horreurs du 7 octobre. Nous devons finir le boulot ».

Peu importe que 83 % des victimes soient des civils selon des données des services de renseignement israéliens. Un chiffre révélé par le quotidien britannique The Guardian, le média israélien Local Call et + 972 Magazine, en août dernier. « Israël recensait, en mai, la mort de 8 900 membres du Hamas ou du Jihad islamique. On comptait alors 53 000 victimes au total », écrivaient-ils. Une entreprise de destruction systématique qui a conduit la commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU a estimé, dans un rapport publié mardi 16 septembre, qu’Israël commet un « génocide » à l’égard des Palestiniens dans la bande de Gaza.

C’est grâce au soutien sans faille du président états-unien qui lui a permis d’atterrir en toute tranquillité à New York et la complicité des Occidentaux qui lui ont autorisé le survol de leur territoire, que Netanyahou a pu s’exprimer à la tribune de l’ONU. Et comme a son habitude, il a attaqué à la fois ses ennemis régionaux et à la communauté internationale. Benyamin Netanyahou a servi la même fable, celle d’une lutte contre un axe du mal. Et de se faire le champion du « monde civilisé ». Celui qui a « balayé » la menace « iranienne » avec « une guerre de 12 jours qui rentrera dans les annales ». Sans oublier de remercier « le président Donald Trump pour son action déterminée et audacieuse » car « nous avions promis d’empêcher l’Iran d’accéder à l’arme nucléaire », ose-t-il défendre. En l’espace d’un an, Israël a bombardé directement l’Iran, le Qatar, le Liban, la Syrie, le Yémen.

Dans ce show extrémiste et inquiétant d’une vingtaine de minutes, dans une salle considérablement vidée, le premier ministre israélien a promis encore une fois d’arrêter la guerre et les massacres si « le Hamas déposait les armes, libérait les otages », et que « Gaza était démilitarisée ». Il a insisté pour que Tel-Aviv en prenne le « contrôle sécuritaire » et une « autorité civile pacifique sera établie ».

Un plan en 21 points discuté à Washington

Le dirigeant israélien doit tenir une réunion à Washington, lundi avec Donald Trump. Cette quatrième rencontre à la Maison Blanche doit permettre d’avancer sur un plan en 21 points défendus par le président états-unien « pour la paix au Moyen-Orient et à Gaza ». Ce dernier a d’ailleurs publiquement mis son veto à l’annexion de la Cisjordanie par Israël, exprimant pour la première fois son opposition à cette mesure longtemps contestée par la communauté internationale, qui porterait un coup fatal à toute solution potentielle à deux États. « Je ne permettrai pas à Israël d’annexer la Cisjordanie. Non, je ne le permettrai pas. Cela n’arrivera pas », a déclaré Donald Trump aux journalistes dans le Bureau ovale.

Au terme de son discours, le dirigeant a condamné l’initiative diplomatique de plusieurs pays occidentaux à l’Onu. « Cette semaine, les dirigeants de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Australie, du Canada et d’autres pays ont reconnu sans condition l’État palestinien. Ils l’ont fait après les horreurs commises par le Hamas le 7 octobre », a-t-il lancé.

Malgré ses propos, l’isolement et la pression continue de s’accroître à l’encontre des autorités israéliennes. Microsoft a mis fin à l’accès de l’armée israélienne à une technologie qu’elle utilisait pour collecter chaque jour des millions d’appels téléphoniques de civils palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. Selon le quotidien The Guardian, « le géant technologique a informé à la mi-septembre les responsables israéliens que l’Unité 8200, l’agence d’espionnage d’élite de l’armée, avait violé les conditions d’utilisation de l’entreprise en stockant une vaste quantité de données de surveillance sur sa plateforme cloud Azure ».

Cette décision intervient après l’enquête menée conjointement avec la publication israélo-palestinienne + 972 Magazine et le média hébraïque Local Call et le Guardian sur la collaboration entre Microsoft et l’unité 8200 sur le transfert de grandes quantités de données sensibles vers Azure. Le projet a vu le jour après une réunion en 2021 entre le directeur général de Microsoft, Satya Nadella, et le commandant de l’unité à l’époque, Yossi Sariel.