Gaza : Israël dit avoir parachuté de l'aide humanitaire et annonce une "pause tactique"

Israël a annoncé dimanche 27 juillet avoir parachuté de l'aide humanitaire sur Gaza, après des semaines de pression internationale pour permettre l'arrivée de vivres et autres denrées vitales à la population affamée.

L'armée israélienne a, par ailleurs, déclaré qu'elle observerait "une pause tactique" quotidienne à des fins humanitaires dans plusieurs zones du territoire palestinien, et la mise en place de couloirs humanitaires.

"La pause sera observée de 10 h à 20 h (7 h à 17 h GMT) à partir d'aujourd'hui (dimanche)", à commencer par les zones de Deir-al-Balah, al-Mawasi et la ville de Gaza où il n'y a "pas d'opérations militaires", indique l'armée dans un communiqué.

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Des "couloirs permanents" seront mis en place "de 6 h à 23 h (3 h à 20 h GMT) pour permettre le passage en toute sécurité des convois de l'ONU et des organisations d'aide humanitaire qui livrent et distribuent de la nourriture et des médicaments à la population de la bande de Gaza", ajoute-t-elle.

L'ONU ou les ONG opérant à Gaza n'ont pas réagi officiellement dans l'immédiat, tandis que des sources humanitaires - sceptiques en privé - ont dit attendre de voir les effets concrets de l'annonce israélienne sur le terrain.

Israël, qui assiège la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas le 7 octobre 2023, avait imposé début mars un blocus hermétique au territoire, très partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture et de biens de première nécessité.

"Sept lots d'aide contenant de la farine, du sucre et des conserves"

Le parachutage a été "mené en coordination avec des organisations internationales et dirigé par le Cogat (un organisme du ministère israélien de la Défense, NDLR)", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à dimanche sur Telegram, précisant qu'il était constitué de "sept lots d'aide contenant de la farine, du sucre et des conserves".

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La Défense civile du territoire palestinien a annoncé samedi la mort de 40 personnes dans des bombardements et des tirs israéliens. 

Dans la nuit, le ministère des Affaires étrangères a annoncé "une 'pause humanitaire' dans les centres civils et les corridors humanitaires pour permettre la distribution de l'aide humanitaire", faisant porter à l'ONU la responsabilité de son blocage.

L'ONU et des ONG s'alarment d'une flambée de la malnutrition infantile et d'un risque de famine généralisée parmi ses plus de deux millions d'habitants.

Pressée notamment par Paris, Berlin et Londres de "lever immédiatement les restrictions sur l'acheminement de l'aide", l'armée israélienne avait annoncé samedi que les premiers parachutages menés par des pays étrangers reprendraient le soir même.

"Les largages aériens ne mettront pas fin à la famine qui s'aggrave"

Cette méthode, déjà mise en œuvre en 2024 notamment par les Émirats arabes unis, la Jordanie et la France, avait été décriée par nombre de responsables humanitaires, qui l'avaient jugée dangereuse et de portée limitée, soulignant qu'elle ne pouvait se substituer à la voie terrestre.

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Samedi, le Royaume-Uni a annoncé se préparer à larguer de l'aide et à évacuer des "enfants ayant besoin d'une assistance médicale", en collaboration avec "des partenaires tels que la Jordanie". Les Émirats ont, quant à eux, déclaré qu'ils reprenaient "immédiatement" les parachutages.

Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a estimé samedi que la reprise des parachutages constituait une réponse "inefficace" à la catastrophe humanitaire en cours.

"Les largages aériens ne mettront pas fin à la famine qui s'aggrave. Ils sont coûteux, inefficaces et peuvent même tuer des civils affamés", a-t-il déclaré.

"Ouvrir une nouvelle dynamique" au siège de l'ONU

"Nous ne pouvons pas accepter que les populations, et des enfants en grand nombre, meurent de faim", a déclaré dans un communiqué le président français Emmanuel Macron, après un échange avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

Selon lui, une conférence lundi et mardi au siège de l'ONU à New York "doit ouvrir une nouvelle dynamique en faveur d'un règlement juste et durable du conflit israélo-palestinien, sur la base des deux États, seule solution à même de garantir la paix et la sécurité pour tous dans la région".

Samedi, la Défense civile a annoncé la mort de 40 personnes, notamment dans des frappes israéliennes à Gaza-ville, dans le nord, dans le secteur de Khan Younès, dans le sud, et dans le camp de Nousseirat, dans le centre de Gaza.

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Selon cette organisation de secouristes, 14 personnes ont été tuées par des tirs israéliens alors qu'elles attendaient de l'aide humanitaire en différents lieux du territoire, dont l'une tuée quand les soldats ont ouvert le feu sur un groupe de civils réunis au nord-ouest de Gaza-ville. Des témoins ont indiqué à l'AFP que plusieurs milliers de personnes s'étaient alors rassemblées dans cette zone.

Les restrictions imposées aux médias par Israël et les difficultés d'accès à plusieurs zones empêchent l'AFP de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

Avec AFP