« Génocide en direct à Gaza », attaques de Trump envers les droits fondamentaux, racisme systémique en France… Ce qu’il faut retenir du rapport annuel d’Amnesty International
Un appel à une « résistance concertée et courageuse ». C’est ce que demande la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, dans un cri d’alarme sous forme de préface du rapport annuel de l’ONG publié ce mardi 29 avril. Ce document de près de 500 pages qui étudie la situation internationale des droits humains en 2024 arrive à une conclusion plus qu’inquiétante : « Des forces d’une ampleur sans précédent veulent en finir avec l’idéal des droits humains pour tous et toutes, cherchant à détruire un système international forgé dans le sang et les souffrances de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah », résume Agnès Callamard.
Ces forces mènent une « croisade religieuse, raciste et patriarcale » accuse la secrétaire générale de l’organisation, assurant que l’objectif est de « mettre en place un ordre économique porteur d’iniquités toujours plus grandes entre les pays et en leur sein même ». Tout cela « met en péril les avancées durement acquises ces 80 dernières années en termes d’égalité, de justice et de dignité », dénonce l’organisation.
Le racisme systémique et discrimination religieuse
S’agissant de la France, plusieurs violations des droits sont dénoncées. Ainsi, le « racisme systémique et la discrimination religieuse », notamment à l’égard « des femmes et des jeunes femmes musulmanes » est relevé. À ce sujet, le rapport pointe, notamment, l’exemple de la discrimination dans le sport. Évoquant les « sportives françaises qui ont participé aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 » et qui n’ont pas eu le droit de porter le foulard durant les épreuves, les auteurs soulignent que des « interdictions discriminatoires similaires ont continué de s’appliquer dans le sport en général », que cela soit au niveau amateur ou professionnel.
Parmi les autres critiques adressées à la France, l’ONG liste « la pratique du profilage racial (qui) s’est poursuivie, en toute impunité », des « restrictions excessives » et un recours « injustifié » à la force de la part de la police, ou encore les « obstacles systémiques » auxquels se heurtent les victimes de violences sexuelles appartenant à des groupes marginalisés, notamment « les femmes migrantes, les femmes transgenres et les travailleuses du sexe », lorsqu’elles tentent de porter plainte. Sur un autre terrain, l’organisation dénonce également le fait que l’Hexagone ait « continué de livrer des armes à Israël ».
« Une vague d’attaques frontales »
De l’autre côté de l’Atlantique, la campagne présidentielle ayant donné lieu à la victoire de Donald Trump a, rappelle l’ONG, vu déferler « des discours clivants visant certaines catégories de population, notamment les migrant·e·s et les réfugié·e·s », ou encore « les personnes cherchant à accéder à des soins de santé reproductive ».
Et les cent premiers jours de son deuxième mandat ont été « marqués par une vague d’attaques frontales contre l’obligation de rendre des comptes en matière de droits fondamentaux, contre le droit international et contre l’ONU », accuse Agnès Callamard, qui relève que « Donald Trump n’est pas seul en cause », et que « les racines du mal sont beaucoup plus profondes ».
Les rédacteurs dénoncent le gel par la nouvelle administration de l’aide internationale américaine, la réduction de ses financements à plusieurs organisations de l’ONU et les expulsions très critiquées vers des pays d’Amérique latine, notamment les prisons du Salvador. Le rapport rappelle, en outre, que « les États-Unis ont cette année encore eu recours à la force meurtrière dans divers pays du monde et ont fourni à Israël des armes utilisées lors d’attaques directes contre la population civile et d’attaques menées sans discernement ».
« Le monde assiste sur ses écrans à un génocide en direct »
« Le monde assiste sur ses écrans à un génocide en direct » commis par Israël dans la bande de Gaza, dénonce Agnès Callamard dans la préface du rapport. « Les États ont regardé, comme s’ils étaient impuissants, Israël tuer des milliers de Palestiniennes et de Palestiniens, massacrant des familles entières sur plusieurs générations et détruisant des habitations, des moyens de subsistance, des hôpitaux et des établissements scolaires », écrit-elle.
Dans la section du document consacrée à la région Moyen-Orient, Amnesty réitère ses accusations de « génocide », déjà formulées fin 2024. « Les recherches d’Amnesty International ont montré qu’Israël avait perpétré des actes interdits par la Convention sur le génocide, dans l’intention spécifique de détruire la population palestinienne de Gaza, commettant ainsi un génocide », écrit l’organisation.
Le rapport cite notamment des « homicides », des « atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale de civils », des « déplacements et disparitions forcées », l’« imposition délibérée de conditions de vie destinées à entraîner la destruction physique de ces personnes ».
Les acquis du droit international sapés
« Des gouvernements puissants ont bloqué à plusieurs reprises les tentatives d’agir de manière significative pour en finir avec les atrocités », souligne plus largement l’ONG dans son rapport. L’organisation vise en particulier les pays qui ont contesté les décisions de la Cour internationale de justice à l’encontre d’Israël, après la plainte de l’Afrique du Sud pour « génocide ».
Les pays, comme la Hongrie, qui refusent d’appliquer les mandats d’arrêts émis par la Cour pénale internationale contre plusieurs dirigeants israéliens, dont le premier ministre Benyamin Netanyahou, sont également visés. « Les États-Unis, le Royaume-Uni et de nombreux pays de l’UE ont publiquement soutenu les actions d’Israël à Gaza », dénonce encore Amnesty.
L’organisation s’indigne également des vies « dévastées » de millions de personnes en 2024, du fait des conflits et des exactions commises au Proche-Orient, au Soudan, en Ukraine ou encore la situation des femmes en Afghanistan. Le rapport accuse surtout plusieurs États parmi les plus puissants, comme les États-Unis, la Russie et la Chine, de « saper » les acquis du droit international, tout comme la lutte contre la pauvreté et les discriminations.
Enfin, l’ONG pointe le « besoin urgent » de réglementer les technologies numériques et d’intelligence artificielle pour les rendre respectueuses des droits humains, estimant que « les gouvernements abusent de manière croissante de logiciels espions et autres outils de surveillance » contre leurs opposants.
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