Peine de mort : bond de 32 % des exécutions en un an, le Moyen-Orient surreprésenté… ce que nous apprend le rapport annuel d’Amnesty International
Selon le rapport annuel publié ce mardi 8 avril par Amnesty International, 1 518 exécutions ont été recensées en 2024, contre 1 153 en 2023. Cette augmentation de 32 % marque un seuil inégalé depuis 2015. « Ces chiffres sont alarmants car ils sont portés par une poignée de pays qui utilisent la peine capitale comme un outil de terreur », analyse Anne Denis, responsable de la commission Peine de mort chez Amnesty International France. Le rapport met en lumière la concentration géographique des exécutions : 91 % des mises à mort recensées proviennent de trois pays du Moyen-Orient : l’Iran, l’Arabie saoudite et l’Irak. À eux seuls, ils incarnent une mécanique bien huilée où la peine de mort sert pas une intense répression.
Le nombre d’exécutions doublé en Arabie saoudite
L’Iran arrive en tête avec 972 exécutions, poursuivant une sinistre politique à l’égard des minorités ethniques, religieuses et des opposants politiques. Le régime y instrumentalise la peine capitale comme réponse à la contestation. « On exécute pour des crimes liés aux stupéfiants mais aussi pour faire taire les voix dissidentes. C’est une politique de la peur », souligne Anne Denis.
L’Arabie saoudite, quant à elle, a doublé son nombre d’exécutions en un an, passant de 172 à au moins 345. Un record depuis qu’Amnesty compile les statistiques. Dans ce royaume, les exécutions de membres de la minorité chiite participent à un système judiciaire d’une brutalité inouïe. L’Irak, de son côté, a quadruplé son usage de la peine capitale, pour des affaires de terrorisme.
En Asie, des chiffres tenus secrets
La région Asie-Pacifique, si elle ne fournit pas de chiffres officiels pour certains pays comme la Chine, le Vietnam ou la Corée du Nord, reste l’une des plus actives en matière d’exécutions. En Chine, « c’est un secret d’État, mais on sait qu’elle exécute massivement, probablement bien plus que tous les autres pays réunis », analyse la responsable de la commission de la peine de mort d’Amnesty.
Dans les Amériques, les États-Unis demeurent les seuls à pratiquer la peine de mort. Avec 25 exécutions, le pays atteint son niveau le plus élevé depuis 2015. La reprise des exécutions dans quatre États témoigne d’un recul préoccupant. À l’inverse, En Afrique subsaharienne, les signes sont plus encourageants : seules 34 exécutions ont été recensées, toutes en Somalie. La Zambie et le Zimbabwe ont quant à eux pris des mesures législatives vers l’abolition.
« Le cercle des pays exécutants se rétrécit »
Un paradoxe émerge de ce tableau. Malgré la flambée des exécutions, le nombre de pays qui ont recours à la peine de mort n’a jamais été aussi bas : seulement quinze. Pour Anne Denis, c’est un signal d’espoir. « Plus de 145 pays ont aboli la peine de mort en droit ou en pratique. Le cercle des pays exécutants se rétrécit. Même si certains États persistent, la majorité mondiale avance vers l’abolition », se félicite Anne Denis.
Au-delà des chiffres, l’ONG dénonce la peine de mort comme un « châtiment cruel et dégradant », souvent appliqué après des procès inéquitables, voire à l’encontre de personnes innocentes. Des méthodes d’exécution particulièrement brutales, pendaison, décapitation, injection létale, asphyxie par azote. Pour Anne Denis, ce rapport annuel est un « outil de plaidoyer essentiel », destiné à interpeller l’opinion publique, les décideurs et les institutions internationales. « Notre mission, c’est d’éduquer, de sensibiliser. Quel que soit le crime, quelle que soit la personne. » Le combat contre la peine de mort avance, la tendance globale reste encourageante, mais chaque exécution est un droit humain bafoué.
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