Turquie : le maire d'Istanbul de nouveau entendu, de nombreux manifestants arrêtés

Après les manifestations monstres en soutien au maire d'Istanbul et contre le président Recep Tayyip ErdoganEkrem Imamoglu doit être entendu samedi 22 mars par la police.

Au total, des rassemblements se sont tenus depuis mercredi dans au moins 55 des 81 provinces de Turquie, selon un décompte de l'AFP.

La police a procédé à plus d'une centaine d'arrestations de manifestants. Selon les médias turcs, des interpellations ont continué dans la nuit de vendredi à samedi au domicile des manifestants dans de nombreuses villes du pays : à Istanbul, dans la capitale Ankara, à Izmir ou encore à Antalya.

L'édile de 53 ans, interpellé mercredi à l'aube à son domicile, devait être transféré samedi à partir de 10 h (7 h GMT) par la police pour des accusations de "soutien à une organisation terroriste", ont rapporté les médias.

Selon son parti, Ekrem Imamoglu sera ensuite auditionné par le procureur général d'Istanbul, dans la soirée, autour de 21 h (18 h GMT), avant d'être présenté au tribunal. L'opposition a appelé samedi soir à de nouvelles manifestations.

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"Vous défendez notre République, la démocratie"

L'accusation de terrorisme vise le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit, qui s'est dit prêt au début du mois à déposer les armes et à se dissoudre.

Selon son avocat, l'audition du maire dans le volet "corruption", vendredi, a duré "six heures". "M. Imamoglu a nié toutes les charges retenues dans un document de 121 pages", affirme son défenseur, Mehmet Pehlivan.

Ce dernier dénonce le recours à des "témoins secrets de manière abusive", et s'insurge de voir des "procès-verbaux de témoignages non signés divulgués dans la presse", estimant que les droits de la défense ainsi que "le droit à un procès équitable (ont) été violés".

Dans un message posté sur X par ses avocats, Ekrem Imamoglu remercie ses concitoyens, descendus par dizaines de milliers dans les rues, pour leur mobilisation. "Vous défendez notre République, la démocratie, l'avenir d'une Turquie juste et la volonté de notre nation", écrit-il.

Canons à eau et gaz lacrymogènes

Le président du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), dont il est issu, Özgür Özel, a affirmé que 300 000 personnes avaient marché dans Istanbul, dont plusieurs dizaines de milliers ont réussi à atteindre l'hôtel de ville en dépit d'importants barrages de police.

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Plusieurs incidents ont éclaté entre manifestants et policiers, durant lesquels ces derniers ont fait usage de canons à eau et d'importantes quantités de gaz lacrymogènes, ont constaté les correspondants de l'AFP.

Plusieurs journalistes ont été blessés dans les échauffourées.

Ekrem Imamoglu devait être désigné dimanche comme le candidat de son parti à la présidentielle, prévue en 2028.

Le CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate) a décidé de maintenir l'organisation de cette primaire et appelé tous les Turcs, même non inscrits au parti, à y prendre part.

Avec AFP