Au soir du premier tour, le Rassemblement national s’est réjoui un peu vite d’une victoire qu’il croyait garantie. À la veille du second tour, ce sont ses adversaires qui vont un peu vite en besogne en faisant comme si la question de la nomination de Jordan Bardella à Matignon ne se posait plus.
Certes, les désistements réciproques entre macronistes et la gauche desservent objectivement le RN. Et dans notre projection Ifop, il manquerait 50 à 80 sièges à la formation lepéniste pour atteindre la majorité absolue, dont elle fait une condition sine qua non. Mais, d’une part, il reste l’inconnue des urnes. Il ne faut pas oublier que les 89 sièges décrochés en 2022 avaient démenti les ultimes prévisions des sondages, qui ne voyaient pas le RN au-delà d’une cinquantaine de députés.
Ce qui n’avait pas été vu alors c’est que, pour la première fois, le parti théoriquement chassé de « l’arc républicain » pouvait bénéficier de bons reports de voix, dans certains cas pour battre Macron, dans d’autres…