RDC : pourquoi les manifestants visent les ambassades ?
Alors que Goma, la capitale de l’est du pays et de la province du Nord-Kivu, est toujours le théâtre d’affrontements sanglants, la protestation des Congolais contre l’agression du groupe armé du Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par l’armée rwandaise, s’est étendu à la capitale, Kinshasa, située à près de 3 000 kilomètres de là. Les manifestations spontanées se sont multipliées dans les quartiers de la capitale pour soutenir les Forces armées de la RDC (FARDC) et dénoncer le manque de soutien, voire les complicités de plusieurs pays.
Car à Goma, ville peuplée d’un million d’habitants auxquels s’ajoutent un nombre équivalent de réfugiés venus de la région, les combats font toujours rage et le bilan humain est encore très difficile à établir. Il reste officiellement de 17 morts et environ 400 blessés, mais selon Radio Okapi, un des principaux médias congolais, les hôpitaux de Goma sont débordés par l’afflux de blessés.
Le seul hôpital général de référence Virunga aurait déjà enregistré plus de 400 blessés et une vingtaine de morts. Le comité international de la Croix-Rouge (CICR), présent sur place, dénonce un « impact dévastateur pour les civils ». François Moreillon, le chef du CICR en RDC, a ainsi écrit sur les réseaux sociaux être « extrêmement préoccupé par la détérioration de la situation autour et dans la ville de Goma ». Il a également condamné « le pillage de notre entrepôt médical alors que la prise en charge et la survie des blessés évacués vers les hôpitaux que nous soutenons en dépendent ».
« Dénoncer le silence et l’inaction »
À Kinshasa, durant cette journée du mardi 28 janvier, les manifestants ont visé plusieurs ambassades : celle du Kenya, pays influent de la zone, et surtout celles du Rwanda et de l’Ouganda, deux pays qui interviennent militairement en RDC, notamment donc le Rwanda qui soutient le M23 avec des armes lourdes, du matériel sophistiqué comme des brouilleurs de GPS, et entre 3 000 à 4 000 soldats.
Les représentations diplomatiques des États-Unis et de la France ont également été visées. Selon Radio Okapi et d’autres médias congolais, les manifestants ont brûlé des pneus pour « dénoncer le silence et l’inaction de ces deux pays face à la situation actuelle dans l’est du pays ». Dans un communiqué, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a condamné « avec la plus grande fermeté l’attaque de (notre) ambassade, comme d’autres emprises diplomatiques ». Celle de la Belgique, l’ancien pays colonisateur, a aussi été visée, de même que celle de la Grande-Bretagne et du Kenya, accusé lui d’inaction, comme l’ensemble de l’Union africaine.
Pour les Congolais, les États-Unis et les pays de l’UE sont, au-delà de leur inaction, accusés de soutenir le régime rwandais de Paul Kagamé, notamment en raison de l’approvisionnement en ressources minières stratégiques pillées dans l’est de la RDC. Le Nord-Kivu est la région la plus riche du monde en minerais, notamment en coltan. Mais dans les faits, les groupes armés, y compris de nombreux officiers des FARDC, se livrent à ce pillage pour un enrichissement personnel.
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