Une question de jours, voire d’heures, avant que Goma ne tombe. Un mois après le début d’une nouvelle offensive du Mouvement des rebelles du 23 mars (M23), la grande ville de la province du Nord-Kivu, qui compte 1 million d’habitants et autant de réfugiés venus de la région, est toujours l’objet d’une guerre sans merci, sur fond de pillages des ressources minières pour le compte du Rwanda et de multinationales européennes et états-uniennes.
Le M23, groupe antigouvernemental créé par d’anciens officiers congolais, armé et soutenu par 3 000 à 4 000 soldats rwandais, attaque désormais les forces armées de la RDC (FARDC) et les groupes locaux appelés Wazalendo (patriotes, en swahili), aux portes de la ville. Après une accalmie en fin de soirée, les échanges de tirs ont repris dans la ville, ce mardi 28 janvier, tôt dans la matinée.
Selon des personnels de l’ONU présents sur place avec la mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) et des représentants diplomatiques, des soldats du M23 et rwandais sont entrés dans plusieurs quartiers de la capitale régionale. Ce mardi 28 janvier, après une nuit de combats intenses, 17 morts et près de 370 blessés sont à déplorer, selon les bilans de plusieurs hôpitaux locaux. Un porte-parole de l’armée rwandaise a, quant à lui, évoqué 5 civils tués et 25 autres grièvement blessés à Gisenyi, ville jumelle de Goma, située du côté rwandais de la frontière.
Deux casques bleus tués
Dimanche 26 janvier, le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence pour évoquer la situation dans l’est de la RDC, condamnant le « mépris éhonté » de la souveraineté de la RDC. La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a exhorté les Nations unies à agir : « Aujourd’hui, les victimes ne sont pas seulement congolaises, cette attaque est dirigée contre l’Afrique tout entière, que dis-je, contre l’humanité entière, les balles rwandaises frappent indistinctement les Sud-Africains, les Tanzaniens, les Malawites, les Burundais, les Uruguayens tous frères et sœurs venus pour la paix », a-t-elle déclaré. Allusion aux casques bleus de la Monusco, dont deux sont morts au cours des dernières quarante-huit heures, un Sud-Africain et un Uruguayen. Onze autres ont été blessés et sont soignés à l’hôpital des Nations unies de Goma.
La représentante spéciale de l’ONU en RDC, Bintou Keita, également cheffe de la Monusco, a indiqué que les routes et l’aéroport étaient bloqués : « Nous sommes pris au piège », a-t-elle déclaré. Comme des centaines de milliers de civils et de réfugiés regroupés dans Goma. Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, a rappelé que les attaques sur les civils et les personnels de l’ONU constituent des crimes de guerre.
L’offensive du M23 et des soldats rwandais est foudroyante : en moins de quinze jours, les rebelles ont pris la ville de Masisi, puis, la semaine dernière, celle de Sake, coupant ainsi Goma du reste du pays. C’est lors de ces combats que le gouverneur militaire de la région, Peter Cirimwami, a été tué le 23 janvier.
Dimanche, le président kényan, William Ruto, a annoncé réunir « dans les quarante-huit heures » un sommet de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, avec la présence des présidents respectifs de la RDC et du Rwanda, Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Ce dernier a comme à son habitude évoqué une « posture défensive » et « une menace à la sécurité du Rwanda ». Il en va de même pour le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et pour le Conseil de sécurité des Nations unies, qui doivent se réunir ce mardi 28 janvier pour aborder la situation, chacun de leur côté.
L’est de la RDC est le théâtre, depuis trente ans et les conséquences du génocide des Tutsis au Rwanda, de guerres sur fond de vengeance contre les Hutus génocidaires, mais également de prédation et de pillages des ressources minières et agricoles. La chute de Goma pourrait provoquer une immense catastrophe : le gouvernement congolais a dit ce lundi vouloir « éviter le carnage ».
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