Iran : Amnesty International réclame une enquête pour « crime de guerre » après les bombardements israéliens sur la prison d’Evin

« C’est un crime de guerre de frapper une prison », fustigeait l’avocate de la famille de Cécile Kohler, maître Chirinne Ardakani, sur le plateau de BFMTV fin juin. Mardi 22 juillet, c’est au tour d’Amnesty International de réclamer une enquête pour « crime de guerre » après les bombardements israéliens, le 23 juin, visant la prison d’Evin à Téhéran, en Iran, durant la guerre de 12 jours engagée par Israël contre l’Iran.

« Les frappes aériennes délibérées de l’armée israélienne (…) constituent une grave violation du droit international humanitaire et doivent faire l’objet d’une enquête pour crime de guerre », a déclaré Amnesty International dans un communiqué. « L’armée israélienne a procédé à de nombreuses frappes aériennes contre la prison d’Evin, tuant et blessant des dizaines de civils et causant des dégâts et destructions de grande ampleur dans au moins six zones de ce complexe pénitentiaire », ajoute l’ONG, affirmant se baser sur des vidéos authentifiées, des images satellites et des témoignages de proche de détenus notamment.

« Une prison ou un lieu de détention est présumé être un objet civil et il n’existe dans ce cas aucun élément attestant de manière crédible que la prison d’Evin constituait un objectif militaire légal », souligne Amnesty International.

« Guerre des douze jours »

Israël avait lancé le 13 juin une offensive aérienne massive sur l’Iran, sous couvert d’empêcher Téhéran de se doter dans les prochains jours de l’arme nucléaire. Parmi ces cibles : le site d’enrichissement de l’uranium de Fordo, le quartier général de la sécurité intérieure des Gardiens de la révolution et le quartier général du Bassidj. Au moins 935 personnes ont été tuées par l’armée israélienne entre le début des bombardements et le cessez-le-feu le 24 juin, 12 jours plus tard, selon le porte-parole du pouvoir judiciaire iranien, Asghar Jahangir. Cette « guerre des douze jours » opposant les deux pays, a également fait 28 morts du côté d’Israël suite aux ripostes iraniennes, selon les autorités israéliennes.

Le 23 juin, au moment des heures de visite, une attaque israélienne contre la prison d’Evin, au nord de la capitale, a fait 79 morts, dont des détenus, des membres de leurs familles ainsi que du personnel administratif, selon la même source iranienne. Israël a confirmé être responsable de ces bombardements, n’hésitant pas à s’en féliciter sur les réseaux sociaux malgré la violation manifeste du droit international.

Selon Amnesty International, « entre 1 500 et 2 000 détenus se trouvaient » dans ce centre pénitentiaire ultra-sécurisé de Téhéran, symbole de la répression du régime islamique. Y étaient détenus des opposants au régime des mollahs, des défenseurs des droits humains et des prisonniers étrangers ou binationaux.

Deux Français otages d’État

Dans cette geôle, se trouvaient Cécile Kohler et son compagnon Jacques Paris, deux Français détenus dans des conditions particulièrement dures en Iran depuis trois ans, et considérés par la France comme otages d’État. Ils ont depuis été transférés dans un autre lieu de détention, qui reste inconnu. Ils n’ont toutefois pas été blessés dans l’attaque, ont affirmé leurs proches après une rare visite consulaire le 1er juillet.

Le couple français a été arrêté en mai 2022, officiellement pour « espionnage pour le compte du Mossad » (service de renseignement extérieur israélien), de « complot pour renverser le régime » et de « corruption sur terre ». Chacun de ces chefs d’inculpation est passible de la peine de mort en Iran.

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