Emprisonnés depuis plus de trois ans en Iran, le sort de Cécile Kohler et Jacques Paris au cœur des négociations sur le programme nucléaire
Trois ans, deux mois et quinze jours, c’est la durée du calvaire que subissent les ressortissants français Cécile Kohler et Jacques Paris depuis leur arrestation en Iran, le 7 mai 2022. Un tribunal révolutionnaire les a récemment inculpés « d’espionnage pour le compte du Mossad » (service de renseignement israélien), de « complot en vue de renverser le pouvoir » et de « corruption sur terre » ; chacun de ces chefs d’inculpation est passible de la peine de mort.
Au Quai d’Orsay comme à l’Élysée, on qualifie le couple d’« otages d’État », signe d’un changement de ton à l’égard de Téhéran depuis le début de l’année, bien qu’il n’ait aucune valeur juridique. Eux compris, ils seraient quatre Français actuellement détenus par le régime islamique, dont Lennart Monterlos, jeune Franco-Allemand arrêté le mois dernier pour un délit d’après le ministère des Affaires étrangères iranien mais dont la famille clame l’innocence, et un autre individu, dont aucun détail n’est parvenu sur sa situation.
Personne ne sait où Cécile Kohler et Jacques Paris sont actuellement détenus. Ils se trouvaient jusqu’alors dans la prison d’Evin, au nord de la capitale. C’était sans compter la « guerre des douze jours » entre Israël et l’Iran, du 13 au 25 juin : le centre pénitentiaire a été visé par des bombardements israéliens, et ce au mépris du droit international, faisant des dizaines de morts et de blessés et provoquant le transfert par les geôliers de nombreux prisonniers politiques, notamment vers les prisons de Fashfouyeh et Qarchak. C’est dans cette dernière que Cécile Kohler a été placée durant vingt-quatre heures avant de disparaître des radars, selon sa sœur Noémie : elle « ne dort plus depuis les bombardements (…), elle a très peur que cela recommence ».
Diplomatie des otages
« J’ai cru mourir » (à Evin), a confié la professeure de lettres de 40 ans à un diplomate français au cours d’une visite consulaire, le 1er juillet, en présence également de Jacques Paris. Lui aussi est emprisonné dans un lieu inconnu. Âgé de 72 ans, « il continue à dormir à même le sol, explique Noémie Kohler. Il ne dispose toujours pas de lunettes adaptées à sa vue et il souffre énormément de l’absence de visibilité ».
Au total, une vingtaine de ressortissants étrangers seraient retenus en Iran. Téhéran est accusé par Paris et d’autres chancelleries européennes de s’adonner à la « diplomatie des otages », un moyen de pression en vue de négocier une levée des sanctions, lors des discussions sur le programme nucléaire iranien. Si le régime islamique s’en défend, ces arrestations aux motifs nébuleux traduisent une possible fébrilité, du fait de son affaiblissement par la guerre, mais sont surtout un véritable casse-tête pour les diplomates.
Les gardiens de la révolution usent à tout va du prétexte de l’espionnage, galvanisés par une loi votée le 23 juin par le Parlement iranien. Celle-ci criminalise tout un panel d’actions, maquillées en activités de renseignement pour le compte d’Israël ou d’autres « États hostiles ». C’est d’ailleurs pour ce motif que Cécile Kohler et Jacques Paris sont retenus. Début juillet, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait conditionné la reprise ou non des sanctions internationales sur le programme nucléaire iranien à la libération de tous les ressortissants français.
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