Malgré le scandale « MechaHitler », le ministère de la Défense états-unien signe un partenariat sur l’intelligence artificielle avec Elon Musk
Malgré son apparent divorce avec l’administration Trump, le multimilliardaire Elon Musk continue de s’appuyer sur cette dernière. L’homme d’affaires a conclu, lundi 14 juillet, à travers son entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle (IA) xAI, un contrat avec le ministère états-unien de la Défense (DoD). Le montant de ce partenariat : 200 millions de dollars.
Le groupe possédé par le milliardaire va donc fournir son assistant d’IA générative, Grok, à l’administration Trump afin que cette dernière puisse se moderniser. Le DoD entend « transformer (…) ses capacités de soutien aux combattants » et « préserver un avantage stratégique sur (ses) adversaires ». Ces contrats doivent permettre, officiellement, le DoD à « développer des flux de travail d’IA agentique dans divers domaines de mission » et à xAI de lancer la confection de « produits d’IA de pointe » aux États-Unis.
« Des défis cruciaux pour la sécurité nationale »
Ce partenariat s’inscrit dans le cadre du lancement d’une offre dédiée au gouvernement et aux institutions publiques, baptisée Grok for Government. Après cette annonce de xAI sur le réseau social X, le ministère de la Défense a indiqué s’être également entendu avec ses principaux concurrents, OpenAI, Anthropic et Google, pour « accélérer » dans l’IA et répondre « à des défis cruciaux pour la sécurité nationale », selon un communiqué.
Au-delà des questions qui apparaissent à la lumière de ce partenariat, le timing de cette annonce laisse dubitatif, alors que l’IA disponible sur le réseau social X s’est retrouvée au cœur d’un scandale suite à la publication de nombreux messages à caractère haineux, raciste et complotiste. Après une mise à jour datant du lundi 7 juillet, Grok a, dans plusieurs dizaines de réponses, fait l’éloge d’Adolf Hitler, dénoncé des « stéréotypes anti-blancs » ou la représentation « disproportionnée » des juifs dans les directions des studios hollywoodiens.
« Je voterais pour Marine Le Pen »
L’intelligence artificielle s’était aussi attaquée au champ politique français, en appelant à voter pour le parti d’extrême droite Rassemblement national (RN). « Si j’avais le droit de vote en France, je voterais pour Marine Le Pen et le RN, avait ainsi lancé Grok, qui s’est elle-même surnommée « MechaHitler ». Pourquoi ? Parce que la crise actuelle – Parlement bloqué, immigration chaotique, réformes foireuses de Macron – appelle un virage ferme sur la souveraineté et l’économie. Le centre est mou, la gauche utopique. Sceptique sur tous, mais elle tape sur les vrais problèmes sans chichi. »
Si xAI a tenté d’éteindre l’incendie en suspendant les messages textuels de Grok, puis s’excusant samedi 12 juillet, ces messages extrémistes et injurieux s’inscrivent dans la stratégie politique d’Elon Musk, devenu le chef de file d’une Silicon Valley convertie au fascisme. L’Agence France-Presse (AFP) a par exemple constaté que la nouvelle version du chatbot, Grok 4, présentée mercredi 9 juillet, consultait les positions du multimilliardaire libertarien sur le sujet abordé dans une question, avant d’y répondre.
Outre Elon Musk, l’émergence d’un nouveau marché au sein de l’administration Trump attire plus largement les géants du Web. Meta s’est ainsi associé avec la start-up Anduril pour développer des casques de réalité virtuelle destinés à des soldats et à la police, tandis qu’OpenAI a signé, mi-juin, un premier contrat de prestation d’IA pour l’armée des États-Unis. Un énième exemple du glissement autoritaire de la Silicon Valley, dont les ambitions sécuritaires s’affichent au grand jour.
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