Le Rassemblement national propulsé sur les réseaux sociaux par les cercles pro-Orbán

Érigé en parrain officieux de l’extrême droite européenne, le premier ministre hongrois Viktor Orbán use de son pouvoir pour influer sur la vie politique de ses voisins. Symbole de l’internationale réactionnaire qui s’est structurée ces dernières années, de l’arrivée au pouvoir des Javier Milei, Donald Trump et consorts à la percée de mouvements néofascistes dans les urnes, la stratégie du dirigeant autoritaire a bénéficié au Rassemblement national (RN), selon une enquête de l’organisation non gouvernementale (ONG) AI Forensics, dont Mediapart a révélé les conclusions, jeudi 3 juillet.

Ainsi, une agence de communication liée au pouvoir hongrois a financé une vague de contenus promotionnels à destination du parti lepéniste entre 2024 – année d’élection avec les européennes et les législatives anticipées – et 2025. L’ONG spécialisée dans l’analyse des algorithmes développés par les plateformes annonce que cette opération d’ingérence passée sous les radars a été fomentée sur le réseau social X, propriété du milliardaire libertarien Elon Musk. Le compte intitulé Brussels Signal – géré par l’entreprise hongroise Remedia Europe – a vu son contenu, « relativement confidentiel » résume Mediapart, être propulsé dans une douzaine de pays dont la France, sur la base de critères politiques.

Missionné par le cercle proche de Viktor Orbán

Pensé comme étant une agence dont le but est de porter un « contre-discours » sur l’Europe, Brussels Signal a servi de plateforme de diffusion à grande échelle, en visant des mots-clés renvoyant aux obsessions de l’extrême droite : « Rassemblement national », « Le Pen », « Trump », « Bardella », « Otan ». Son fondateur, le lobbyiste pro-Orbán Patrick Egan, a participé à l’élection du maire de Budapest, István Tarlós, en 2010, avec le soutien du Fidesz, le parti du premier ministre hongrois. Son cabinet de conseil, FWD Affairs, a quant à lui été missionné par le cercle proche de Viktor Orbán, afin de promouvoir son idéologie à l’international.

Mediapart donne ainsi l’exemple de Philippe Olivier, beau-frère et conseiller de Marine Le Pen. Ce dernier, eurodéputé, a vu certaines de ses interventions mises en avant dans des posts sponsorisés par Brussels Signal. L’une d’entre elles est « une interview vidéo de l’eurodéputé français, en novembre 2024, dans laquelle il développe sa pensée eurosceptique et avance notamment que le RN « sera au pouvoir en France pour la fin de l’année 2025 » ». Selon AI Forensics, l’agence hongroise a propulsé le post avec des dizaines de mots-clés, comme « immigration », « Brexit », « Marine Le Pen » ou « Macron », tandis que des critères de localisation liés à des fiefs du Rassemblement national, de Fréjus à Hénin-Beaumont, ont aussi été ajoutés. L’entretien en question atteint les deux millions d’impressions sur X.

Des pratiques illégales si l’on se fit à la législation européenne sur les services numériques : le Digital Services Act (DSA). Ce règlement légifère l’utilisation du service de ciblage proposé par X aux entreprises contre rémunération. La collecte et l’utilisation des orientations politiques affichées par des utilisateurs à des fins électorales ou commerciales sont donc, en théorie, encadrées sévèrement par Bruxelles. Interrogé par Mediapart, un porte-parole de X a affirmé que le réseau social états-unien « n’autorise pas la publicité politique dans l’Union européenne ». Le pouvoir hongrois, contrôlé d’une main de fer par Viktor Orbán, a pourtant pu utiliser son arsenal en Europe afin d’influer sur des élections.

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