Cessez-le-feu à Gaza : comment va se passer la première étape de l'accord de trêve entre le Hamas et Israël qui débute dimanche ?

Une première étape décisive. Le gouvernement israélien a donné, dans la nuit du vendredi 17 au samedi 18 janvier, le feu vert final à l'accord de cessez-le-feu avec le Hamas dans la bande de Gaza, ouvrant la voie à l'entrée en vigueur dimanche d'une trêve assortie de la libération de premiers otages israéliens en échange de détenus palestiniens.

Annoncé mercredi par le Qatar et les Etats-Unis, cet accord ambitionne de déboucher à terme sur "une fin définitive de la guerre" qui a fait en plus de 15 mois des dizaines de milliers de morts dans le territoire palestinien dévasté, selon le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani. La fin définitive des hostilités sera négociée durant cette première phase qui doit durer six semaines. Franceinfo vous la détaille.

Une entrée en vigueur du cessez-le-feu dimanche matin

Le cessez-le-feu entrera en vigueur dimanche à 8h30 (7h30, heure de Paris), a annoncé samedi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar, pays médiateur. "Nous conseillons aux habitants de prendre des précautions, de faire preuve de la plus grande prudence et d'attendre les instructions des sources officielles", a écrit le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, sur son compte X.

As coordinated by the parties to the agreement and the mediators, the ceasefire in the Gaza Strip will begin at 8:30 a.m. on Sunday, January 19, local time in Gaza. We advise the inhabitants to take precaution, exercise the utmost caution, and wait for directions from official…

— د. ماجد محمد الأنصاري Dr. Majed Al Ansari (@majedalansari) January 18, 2025

Le cessez-le-feu va également de pair avec un retrait israélien des zones densément peuplées et une augmentation de l'aide humanitaire. L'accord conclu prévoit notamment de faire entrer dans la bande de Gaza 500 camions par jour. "Il y a énormément de chantiers à reprendre, que ce soit en matière de santé, d'habitat, d'accès à l'eau et à la nourriture", a souligné sur franceinfo Jean-François Corty, président de Médecins du monde.

La libération de 33 otages israéliens étalée sur six semaines

L'accord prévoit la libération de 33 otages retenus dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023. Selon The Times of Israël, le calendrier établi prévoit la libération de trois otages le premier jour du cessez-le-feu, puis de quatre otages le septième jour. Ensuite, trois otages seront libérés chaque semaine durant une période de quatre semaines, avant la libération de quatorze otages, la sixième et dernière semaine. Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, figurent dans la liste des 33 premiers otages libérables, a annoncé Emmanuel Macron sur X. Tous deux avaient été enlevés dans le kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, libérés lors de la première trêve en novembre 2023.

L’armée israélienne a préparé un dispositif d'accueil baptisé "Ailes de la liberté". Les otages seront d’abord conduits dans l’un des trois complexes mis en place pour leur retour à Kerem Shalom et Reim, non loin du sud de la bande de Gaza, et à Erez, au nord. Ils seront dirigés vers l'un de ces trois sites selon leur itinéraire de libération. Une fois sur place, ils seront accueillis par des représentants de l'armée, des médecins, des psychologues. Ils prendront une douche, changeront de vêtements et seront examinés. Certains otages blessés bénéficieront de soins médicaux d'urgence avant d'être transportés vers l'un des six hôpitaux israéliens mobilisés. Ils y retrouveront pour la première fois leurs familles. "Nous nous attendons à ce que tous les aspects de leur santé physique et mentale soient affectés", a prévenu le docteur Hagai Levine, qui représente les familles des otages et disparus.

En échange, 737 prisonniers palestiniens vont recouvrer la liberté

Contre la libération des otages, Israël va relâcher 737 prisonniers palestiniens. Les autorités israéliennes ont publié vendredi les noms de 95 détenus palestiniens, dont une majorité de femmes et de mineurs, libérables dès dimanche, mais pas avant 16 heures (15 heures à Paris), selon le ministère de la Justice. La liste comprend 70 femmes, dont une mineure, et 25 hommes, dont neuf âgés de moins de 18 ans. D'après le ministère, le plus jeune a 16 ans. Sur la liste, seuls sept prisonniers ont été arrêtés avant le 7 octobre 2023.

Parmi les détenus figure Khalida Jarrar, figure du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), mouvement d'obédience marxiste classé "organisation terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne. Arrêtée fin décembre 2023 en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, cette sexagénaire est détenue depuis lors sans charge contre elle. En septembre 2021, elle avait été libérée après avoir purgé une peine de deux ans dans une prison israélienne pour avoir participé à des activités du FPLP.

Parmi les prisonniers appelés à être libérés prochainement se trouve aussi Zakaria Zubeidi, responsable de plusieurs attentats contre des civils israéliens et ex-leader des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa, la branche armée du parti Fatah, qui s'était évadé d'une prison israélienne en 2021.