Logement : la crise d’aggrave, les associations dénoncent une situation « catastrophique »

7 239. C’est le nombre de personnes ayant appelé le 115 qui sont restées sans solution d’hébergement en 2025 faute de places disponibles, dont 4 172 familles. Parmi elles, 2 214 enfants de moins de 18 ans, dont 563 enfants de moins de trois ans, ont été recensées. « Ces chiffres sont en augmentation par rapport à 2024 », alerte le Collectif des Associations pour le Logement (CAL), dans son dernier rapport sur le mal-logement publié ce mercredi 2 juillet. Avec la période estivale, et ses épisodes de fortes chaleurs, le besoin d’hébergement et de protection s’affirme comme une urgence. Cette dernière ne semble pas être perçue comme telle par le gouvernement.

Le 13 février 2025, quarante associations, membres du CAL, ont attaqué l’État en justice pour non-assistance à personnes mal logées. Deux recours, l’un sur l’hébergement d’urgence et l’autre sur le Droit au Logement Opposable (DALO), ont été déposés devant le Tribunal administratif de Paris. « Malgré le dépôt de nos recours, rien ne change. Pire, les dernières évolutions législatives et les dernières remontées de terrain nous font craindre le pire pour cette année 2025, pour laquelle tous les voyants sont au rouge », pointe le rapport.

Augmentation du sans-abrisme infantile

Depuis 2022, le sans-abrisme est en augmentation constante sur l’ensemble du territoire. À Lyon, le nombre d’enfants sans toit a été multiplié par 9,5 en trois ans. 410 enfants dont 40 bébés ont été hébergés en 2025 dans différentes écoles de la métropole. À Rennes, en juin 2025, 30 enfants vivaient encore dans un campement tandis qu’une trentaine était accueillie dans des écoles. À la hausse inquiétante du sans-abrisme infantile s’ajoutent celles des familles monoparentales. 65 % des structures d’accueil et des maraudes observent, depuis 2020, une hausse des femmes à la rue de 41,5 %, selon le rapport. La majorité d’entre elles ont été victimes de violences (91 %) et sont mères d’un enfant de moins de trois ans (52 %). En outre, 40 % des personnes sans-abri sont des femmes tandis que 60 % d’entre elles sont des mères.

Ces dernières connaissent en moyenne 10 mois d’errance en attente d’une solution adaptée contre 38 mois pour les femmes isolées. « Cela fait plusieurs années qu’on tire la sonnette d’alarme. On a l’impression de se répéter inlassablement face à une situation qui ne cesse de se détériorer. De plus en plus de discours affirment qu'”on ne peut rien faire”. C’est totalement inacceptable ! », déplore Nathalie Latour, directrice générale de la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS). Depuis plusieurs années, la crise du logement semble devoir se pérenniser. Entre 2016 et 2025, la construction de logements sociaux a baissé de 31 %. Or, le nombre de demandeurs atteignait 2,7 millions de ménages au premier semestre de 2024. La chute de la production HLM est particulièrement forte sur les logements très sociaux (PLAI), dont le nombre d’agréments, inférieur à 26 000 en 2024, est au plus bas depuis 2011.

24 000 expulsions locatives en 2024

Par ailleurs, 43 0000 vieux logements sociaux dits « HLMO » ont été détruits entre 2018 et 2022 alors qu’ils représentaient près de 30 % du parc social. Du côté du parc locatif privé, la conjoncture apparaît tout aussi préoccupante : « Il faudrait 400 000 logements supplémentaires par an pour absorber le flux des nouveaux ménages, selon des chiffres du ministère de la Transition écologique. Or, actuellement, on tourne plutôt autour de 290 000 logements construits chaque année », précise Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation du logements des défavorisés.

Au-delà de la métropole, la crise du logement touche également les territoires d’outre-mer où près de 600 000 personnes sont mal-logées, soit 3 habitants sur 10. Une « situation catastrophique » selon le CAL qui appelle à un « sursaut de la part des autorités », alors que l’État « oscille entre abandon et répression ». Une exhortation qui a tout l’air d’un vœu pieux, alors que 24 556 ménages ont été expulsés de leur logement en 2024. Un triste record qui pourrait être dépassé en 2025.

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