« J’ai été sauvé par Dieu pour rendre sa grandeur à l’Amérique » : entre nationalisme exacerbé et rhétorique messianique, Donald Trump annonce la couleur de son retour au pouvoir

La base Maga (Make America Great Again) ne manquera pas d’y voir un signe du ciel. Pour la première fois depuis 1985, la prestation de serment d’un président américain a dû se dérouler dans l’enceinte même du Capitole, en raison du grand froid qui régnait sur Washington.

Le hasard des conditions météorologiques vient donc placer Donald Trump aux côtés de Ronald Reagan, dans la catégorie des « présidents rapatriés au chaud ». Cette même base espère que le 47e président rejoindra le 40e au panthéon des saints patrons de la réaction. C’est la promesse faite par le milliardaire durant sa campagne : imposer à la société une cure réactionnaire à la société, à l’État fédéral et à la diplomatie, les remodeler selon les standards oligarchiques, nativistes, unilatéralistes et patriarcaux.

Brochette de milliardaires et réactionnaires

Cette nouvelle « révolution conservatrice » a commencé en mots, hier, lors d’un discours de Donald Trump prononcé devant un parterre d’invités d’honneur dont la composition en disait déjà long sur la nature du projet. Se sont pressés dans la capitale fédérale les administrateurs de l’internationale réactionnaire (Javier Milei, Giorgia Meloni et Nayib Bukele) comme les milliardaires les plus en vue (de Rupert Murdoch, le magnat des médias, à Bernard Arnault, PDG de LVMH, en passant par Jeff Bezos ou Mark Zuckerberg, qui vient de faire allégeance au nouveau pouvoir trumpiste).

Les PDG des principales multinationales américaines ont payé de leur personne, mais aussi des deniers de leurs entreprises. Le comité chargé de la cérémonie d’inauguration (bals, réceptions, défilés, dîners et autres événements) a collecté un montant record de 170 millions de dollars. Google, Meta, Microsoft, Boeing, Goldman Sachs, entre autres, ont donné 1 million de dollars chacun pour l’événement.

Condensé de son discours type de campagne électorale, excessif et hyperbolique sur la forme, nationaliste et quasi messianique sur le fond, le texte, prononcé d’une voix monocorde, a donné le ton de ce début de second mandat. « Dès cet instant, le déclin de l’Amérique prend fin », a décrété Donald Trump, annonçant le début « d’un nouvel âge d’or », symbolisé par des premières mesures annoncées.

Un ton messianique et des mesures nationalistes

Priorité de sa campagne et de ce début de mandat, la question migratoire a fait l’objet de la première mesure : l’urgence nationale à la frontière sud est déclarée, ce qui lui permettra de mobiliser l’armée tandis que les cartels sont désormais inscrits sur la liste des organisations terroristes et qu’une loi de 1798 est invoquée pour mobiliser tous les moyens sécuritaires contre les gangs.

Une urgence énergétique nationale est également déclarée, justifiant les premiers décrets pris en la matière : nouvelles autorisations de forage en mer, fin du crédit d’impôt pour les véhicules électriques, arrêt des dépenses liées aux politiques climatiques de Joe Biden et surtout, retrait, pour la seconde fois, des accords de Paris.

Quant aux droits de douane, ils sont annoncés mais non accompagnés de chiffres précis qui devraient venir dans les jours qui viennent. Le virilisme nationaliste dont le plus vieux président en exercice est coutumier s’est incarné dans du symbolisme (rebaptiser le golfe du Mexique en golfe d’Amérique), dans une projection à la façon Kennedy (« planter la bannière étoilée sur Mars ») et une menace évidente (« nous allons reprendre le canal de Panama »).

En ce jour honorant la mémoire de Martin Luther King, Donald Trump, sans vergogne, a promis de « réaliser son rêve ». Dans l’un des premiers décrets qu’il devait signer, il s’apprêtait pourtant à rayer d’un trait de plume les politiques développées pendant le mandat de Joe Biden contre les discriminations visant à assurer des mesures de « diversité, d’équité et d’inclusion » dans les agences fédérales.

« J’ai été sauvé par Dieu pour rendre sa grandeur à l’Amérique », a encore prétendu l’instigateur de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, qui a lancé hier, depuis le même endroit, une autre offensive, contre les « ennemis », intérieurs et extérieurs.

Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !

C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. Et c’est ce que nous faisons chaque jour dans l’Humanité.

Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons entendre une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.