« La rationalité ne concerne pas la Russie » : nouvel échec des pourparlers entre Moscou et Kiev sur un possible cessez-le-feu

Malgré la multiplication des rencontres, aucune porte de sortie au conflit n’apparaît. Rejetant tout cessez-le-feu inconditionnel, la Russie a seulement proposé à l’Ukraine, lundi 2 juin, un cessez-le-feu partiel de « deux ou trois jours dans certaines zones du front ».

À l’issue de ces nouveaux pourparlers organisés à Istanbul, les délégations russe et ukrainienne se sont ainsi accordées sur la mise en place d’un nouvel échange massif de « tous les prisonniers de guerre grièvement blessés et gravement malades ». Il en va de même pour « les soldats âgés de 18 à 25 ans », annonce le ministre de la défense ukrainien, Rustem Umerov.

Une « courte pause » dans la guerre

Moscou et Kiev ont aussi consenti à échanger des milliers de corps de soldats tués au combat. M. Umerov a évoqué l’échange de « 6 000 contre 6 000 », ce qui a été confirmé par le négociateur russe, Vladimir Medinski. Mais comme pour l’échange de prisonniers, aucune date n’a été communiquée.

La Russie a également remis son mémorandum à Kiev, réclamant un retrait des troupes de Kiev des quatre régions du pays dont Moscou revendique l’annexion, avant tout cessez-le-feu. Il s’agit des régions partiellement occupées de Donetsk et Louhansk (Est) et de Zaporijia et Kherson (Sud). En réponse, Volodymyr Zelensky a accusé Moscou de ne vouloir qu’une « courte pause » dans la guerre et non une trêve globale, lundi soir. « Nous attendons vraiment de [Donald] Trump qu’il prenne des mesures énergiques, a lancé le président de l’Ukraine, lors d’une conférence de presse. Nous attendons qu’il soutienne les sanctions afin de contraindre la Russie à mettre fin à la guerre, ou du moins à passer à la première étape, à savoir un cessez-le-feu. »

« Les Russes font tout ce qu’ils peuvent pour entretenir le feu et continuer la guerre. De nouvelles sanctions sont désormais très importantes. La rationalité ne concerne pas la Russie », a par ailleurs écrit au même moment le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriy Yermak, sur Telegram, peu après le dévoilement des conditions préalables fixées par Moscou à tout cessez-le-feu.

« Mon plus grand souhait est de réunir Poutine et Zelensky à Istanbul »

L’Ukraine a toutefois proposé une nouvelle rencontre fin juin à la délégation russe. Elle a également transmis à Moscou une liste de centaines d’enfants ukrainiens qui ont été déportés en Russie, dont elle exige le rapatriement. Peu après la tenue du deuxième round de pourparlers entre les délégations russe et ukrainienne à Istanbul, le président turc a réitéré sa proposition d’accueillir un sommet entre les présidents russe, ukrainien et américain. « Mon plus grand souhait est de réunir Poutine et Zelensky à Istanbul ou à Ankara et d’amener Trump à leurs côtés, a-t-il déclaré à l’issue de cette deuxième réunion lundi, lors d’une prise de parole plus large, diffusée à la télévision. S’ils l’acceptent, je me joindrai à eux, afin de faire d’Istanbul un centre de paix. »

« Le président a déjà dit qu’il y était prêt si l’on en arrive là, mais il veut que ces deux dirigeants et les deux parties viennent ensemble s’asseoir autour de la table des négociations », a répondu la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, lors d’un point presse organisé lundi. Questionnée pour savoir ce que pensait Donald Trump du second round des pourparlers qui s’est tenu à Istanbul lundi, elle a répondu : « Je le laisserai s’exprimer. »

Les attaques russes se sont quant à elles poursuivies sur le territoire ukrainien. Un secouriste a notamment été tué à Kherson dans une frappe de drone, tandis que 12 autres ont été blessés lors d’une attaque similaire sur la région de Zaporijia. Deux femmes ont aussi été tuées dans un bombardement russe près de Koupiansk. Avec son opération, Moscou souhaitait répondre à l’attaque aérienne pilotée par Kiev et d’une ampleur inédite contre l’aviation militaire russe. L’Ukraine a réussi, dimanche 1er juin, à projeter ses drones jusqu’en Sibérie orientale, à des milliers de kilomètres de ses frontières.

Être le journal de la paix, notre défi quotidien

Depuis Jaurès, la défense de la paix est dans notre ADN.

  • Qui informe encore aujourd’hui sur les actions des pacifistes pour le désarmement ?
  • Combien de médias rappellent que les combats de décolonisation ont encore cours, et qu’ils doivent être soutenus ?
  • Combien valorisent les solidarités internationales, et s’engagent sans ambiguïté aux côtés des exilés ?

Nos valeurs n’ont pas de frontières.

Aidez-nous à soutenir le droit à l’autodétermination et l’option de la paix.
Je veux en savoir plus !