Appel entre Trump et Poutine sur l’Ukraine : pourquoi un cessez-le-feu est encore loin
Trois jours après des premières négociations directes à Istanbul entre les deux belligérants, l’Ukraine et la Russie, qui n’ont abouti à rien, une nouvelle étape des discussions se poursuivait ce lundi 19 mai avec un entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et Donald Trump. Ce dernier, qui avait promis de régler l’affaire en « vingt-quatre heures », estimait encore avant l’échange téléphonique que son but était de « mettre fin au bain de sang ».
À l’issue de cet entretien, « Nous sommes de manière générale sur la bonne voie », a déclaré Vladimir Poutine. L’entretien a été « instructif et utile », selon le chef du Kremlin, cité par l’agence de presse russe RIA. La Russie est prête à travailler avec l’Ukraine à un mémorandum « concernant un possible futur traité de paix ». « La question est bien sûr que les parties russe et ukrainienne fassent preuve d’un maximum de volonté de paix et trouvent des compromis qui satisfassent toutes les parties », a-t-il poursuivi, tout en rappelant que les racines de la crise doivent être éradiquées.
273 drones ont été lancés contre l’Ukraine en une nuit
Or, c’est là que le bât blesse : de nombreux obstacles se dressent encore sur la route d’un cessez-le-feu, et plus encore de la fin de la guerre. Outre les invectives qui ont fusé ce 16 mai, à l’orée des négociations à Istanbul, entre les deux camps, ce sont surtout les positions stratégiques qui demeurent profondément antagonistes.
Sur le terrain, l’offensive de printemps redoutée de la part de l’armée russe semble désormais une réalité. Dans la nuit du 17 au 18 mai, 273 drones ont été lancés contre l’Ukraine, un « nombre record », d’après Kiev. Surtout, les troupes au sol de l’armée russe avancent et poussent leur avantage : ce lundi, l’état-major a revendiqué la prise de deux localités situées dans la région de Soumy et de Donetsk.
Juste avant l’entretien, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait prévenu que la résolution du conflit demanderait « un travail assez laborieux et, peut-être, long », car « de nombreuses nuances doivent être discutées ». Les autorités russes ont assuré préférer un règlement « diplomatique » au conflit, mais ses objectifs restent inchangés : « garantir la sécurité de l’État russe », a rappelé Vladimir Poutine ce dimanche, ce qui implique une Ukraine démilitarisée et non membre de l’OTAN.
« Aucune concession »
Du côté de l’Ukraine et de ses soutiens européens, la proposition de geler les positions actuelles apparaît comme une concession bien trop importante à Moscou, l’importance du territoire perdu constituant une forme de légitimation de l’invasion russe. Ce que le peuple ukrainien ne pardonnerait pas à ses dirigeants, à commencer par Volodymyr Zelensky : c’est ce qui explique également que celui-ci n’a pour l’heure pas intérêt à accepter un cessez-le-feu inconditionnel.
Côté russe, la pression des militaires et des nationalistes envers le pouvoir s’accroît. Dans le New York Times, Yevgeni, un soldat russe, témoigne ainsi qu’il ne veut « voir aucune concession, car j’ai vu le prix de chaque poignée de terre ». Un autre, Dmitri, ancien d’une unité paramilitaire, n’hésite pas à menacer les autorités russes : « Comprenez-vous ce que signifie pour un pays d’avoir un million de personnes entraînées à tuer sans crainte du sang ? Un million de tueurs en colère, c’est un problème sérieux s’ils perçoivent nos dirigeants comme des hommes qui ne sont pas de leur côté. »
Lors de la rencontre du 16 mai à Istanbul, la position des négociateurs russes a d’ailleurs été de se baser sur le projet d’accord au printemps 2022 comme point de départ, avec le fait que « Moscou souhaite que les nouvelles conquêtes territoriales soient intégrées », analyse l’ancien ambassadeur de France en Russie, Jean de Gliniasty. Et Donald Trump n’y a pas changé grand-chose.
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