"Les efforts ne sont pas partagés par tous" : la conférence de presse de François Bayrou loin de faire l'unanimité auprès des partenaires sociaux

Le gouvernement prend le risque d'être renversé. Le Premier ministre a annoncé, lundi 25 août, qu'il engagera sa responsabilité le 8 septembre pour faire adopter son plan de redressement à 44 milliards d'euros. Parmi les mesures décriées, la suppression de deux jours fériés et une nouvelle réforme de l'assurance chômage. Deux sujets pour lesquels le gouvernement invite les partenaires sociaux à négocier. Sauf que la conférence de presse de François Bayrou est loin d'avoir fait l'unanimité auprès des syndicats et du patronat.

Quasiment tous partagent le constat du Premier ministre sur l'état des finances publiques et reconnaissent que des mesures sont à prendre. Mais cela ne suffit pas à convaincre les représentants des chefs d'entreprise. La CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises) déplore ainsi un discours entièrement tourné sur la rigueur et plaide à nouveau pour un allègement des normes et de la fiscalité.

"L'État ne fait pas beaucoup d'effort dans son efficacité"

Du côté des représentants des salariés, les mesures budgétaires voulues par le gouvernement
sont jugées inacceptables, à commencer par la suppression des deux jours fériés. "La solution n'est pas de faire travailler plus des personnes qui ont déjà une activité, les efforts ne sont pas partagés par tous. L'État ne fait pas beaucoup d'effort dans son efficacité. La seule proposition, c'est la baisse du nombre de fonctionnaires, critique Cyril Chabanier, président de la CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens). Tous les efforts d'économie sont demandés aux travailleurs, aux salariés, aux retraités et à l'assurance chômage."

Son avis est partagé par la CGT et Force ouvrière, vent debout contre ce projet de budget qui, selon elles, ne répond pas à l'urgence sociale. "Je pense qu’on peut continuer de parler de mobilisation", déclare, mardi 26 août sur France Inter, le secrétaire général de FO, Fréderic Souillot. Il estime que le vote de confiance le 8 septembre, "ne changera rien" car si François Bayrou "a le vote de confiance, il mettra en place ses mesures où il n'y a aucune justice sociale". 

La CFDT laisse planer le doute sur sa présence aux négociations

La CFDT n'a, de son côté, pas réagi. Le premier syndicat français fait sa rentrée mardi 26 août, en présence de François Bayrou. Réputée réformiste, la centrale reste pour le moment assez discret quant à sa participation, ou non, aux négociations voulues par le gouvernement. Les syndicats ont jusqu'au 1er septembre pour indiquer s'ils acceptent, ou non, de négocier sur la suppression de deux jours fériés et sur une nouvelle réforme de l’assurance chômage. Mais tout cela est compromis par le risque de chute du gouvernement.

La CFDT a toujours prôné le dialogue et a même participé jusqu'au bout aux négociations sur les retraites, une position que le syndicat ne regrette pas malgré l'échec du fameux conclave. Mais cette fois, elle laisse planer le doute sur sa présence, ou non, autour de la table des négociations sur les jours fériés et sur l'assurance chômage.

Cet été, la leader de la CFDT, Marylise Léon, qualifiait ces pistes budgétaires de "carnage total", de "musée des horreurs". Le syndicat réformiste n'exclut pas de se mobiliser, une riposte souhaitée par les autres organisations syndicales. Les modalités d'une mobilisation doivent être discutées vendredi 29 août, lors d'une intersyndicale.