À l’approche des législatives, Die Linke remonte dans les sondages
Après avoir longtemps sombré sous la barre des 3 % dans les sondages, ce qui laissait craindre la disparition d’une représentation de gauche dans le prochain Bundestag issu des élections anticipées du 23 février, Die Linke affiche une belle dynamique en cette fin de campagne.
Tous les sondages enregistrent le sursaut d’un parti que la plupart des grands médias avaient déjà consciencieusement enterré. Ils le placent même désormais légèrement au-dessus de la barre de 5 %, sélective pour l’entrée dans la Chambre basse du Parlement allemand.
Une ligne volontaire plus marxiste
Il y a deux raisons à ce sursaut : la première tient au positionnement plus à gauche, ancré davantage sur les questions de classe, décidé par le congrès de Halle en octobre 2024. « Il nous fallait absolument retrouver le contact avec les milieux syndicaux et ceux qui souffrent le plus, victimes de la crise économique désormais bien enclenchée », souligne Ines Schwerdtner, du nouveau duo dirigeant, élu à Halle. Cette ligne volontairement plus marxiste a permis à Die Linke d’enregistrer aussitôt un regain d’intérêt, et même quelques milliers d’adhésions parmi les jeunes.
Au même moment, il s’est opéré un rapprochement avec les jeunes Verts. Ceux-là, excédés par la droitisation ouvertement recherchée des orientations de leur parti sous la houlette de son candidat à la chancellerie, Robert Habeck, ministre sortant de l’Économie et du Climat, ont décidé, fin octobre, de claquer démonstrativement la porte de leur formation.
On retrouve plusieurs de ces ex-jeunes Grünen aujourd’hui, côte à côte au porte-à-porte avec les militants de Die Linke. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Cansin Köktürk, autrice d’un essai remarqué dénonçant les dégâts du délitement social, y est même devenue ainsi numéro deux sur la liste de Die Linke.
Clarification autour de Sahra Wagenknecht
L’autre raison de ce rebond tient à la clarification qui s’est opérée autour de Sahra Wagenknecht et de son Alliance du même nom (BSW). Celle qui a fait scission avec Die Linke joue de sa notoriété dans les talk-shows télévisés pour s’afficher comme un recours providentiel. Se présentant sur une ligne « ni droite ni gauche », elle prétend réhabiliter un modèle rhénan effectivement très abîmé. Elle a pu enregistrer, de cette façon, un certain succès au sein des milieux syndicaux ou même patronaux.
Mais la principale différenciation de cette populo souverainiste revendiquée avec son ex-parti porte sur une priorité donnée à une réduction de l’immigration. Son soutien au Bundestag à la motion déposée le 31 janvier par Friedrich Merz, le chef de file de la CDU, pour fermer les frontières et tarir le « flot » du regroupement familial, l’a fait participer à la rupture du cordon sanitaire contre l’AfD.
D’évidence un pas de trop aux yeux de nombreux électeurs de gauche. L’Alliance Wagenknecht, qui a obtenu 6,2 % aux élections européennes et des résultats à deux chiffres lors des régionales de septembre dernier, s’est effondrée dans les sondages sous la fatidique barre des 5 %, doublée désormais par… Die Linke. Une relative bonne nouvelle venue d’Allemagne pour toute la gauche européenne.
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