Élections en Allemagne : après avoir fait alliance avec l’extrême droite, Friedrich Merz et la CDU persistent et signent
À moins de trois semaines du scrutin du 23 février, Friedrich Merz, favori de la course au fauteuil de chancelier, a tenté de rebondir après avoir essuyé un tollé, la semaine dernière, quand il a voulu s’affranchir du cordon sanitaire contre l’extrême droite en s’appuyant délibérément sur les voix de l’AfD pour faire adopter une motion antimigrants par le Bundestag. Devant le congrès électoral de son parti, la CDU, il a confirmé, ce 3 février, ses choix très droitiers sur le plan de la politique migratoire comme sur celui de l’économie.
Malgré les protestations suscitées par l’adoption d’une motion hostile à l’immigration avec contrôles systématiques aux frontières, rejet de tous les étrangers en situation irrégulière, y compris les demandeurs d’asile, et mise en détention de migrants réputés « dangereux », Merz persiste. Et il fait signer à son parti une feuille de route de mesures à adopter d’urgence, à la Donald Trump, au lendemain de son arrivée à la chancellerie.
On y retrouve le plan en cinq points de la motion antimigrants adoptée par le Bundestag quelques jours plus tôt avec les voix de la CDU-CSU, de l’AfD, des libéraux (FDP) et… grâce à la complicité de l’Alliance Wagenknecht.
Le cordon sanitaire vole en éclat
Cette rupture inédite et délibérée du cordon sanitaire avec l’extrême droite a suscité la réaction d’associations et de citoyens inquiets pour l’avenir de la démocratie. Plusieurs centaines de milliers de manifestants se sont rassemblées dans les rues de Berlin et de plusieurs grandes villes. Et ce 3 février encore devant les portes du congrès de la CDU.
Merz a cependant réussi à battre le rappel de ses troupes sur la ligne qu’il a choisie, où l’hostilité à l’égard de l’immigration rejoint son engagement ultralibéral contre une « insupportable bureaucratie » – traduisez des « réglementations sociales » – qui pénaliserait « la compétitivité des entreprises ».
L’AfD joue finalement sur du velours. Car ce discours légitime ses grands thèmes de prédilection et constitue un formidable tremplin. Les ultimes sondages donnent le parti d’extrême droite en progression à plus de 21 % alors que la CDU a tendance à se tasser, sous la barre des 30 %.
Friedrich Merz assure de sa volonté de ne pas conclure d’alliance gouvernementale avec l’AfD. Il reste qu’avec une telle droitisation de son discours l’émergence d’un nouvel exécutif, indispensable pour sortir de la crise politique, risque d’être longue et compliquée. Tant le SPD que les Verts pourraient être rebutés par la signature d’un accord marqué par ses surenchères droitières.
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