REPORTAGE. "Je ne comprends pas pourquoi les ouvriers votent pour Donald Trump" : rencontre avec Matthew, un Américain francophile qui fait du porte-à-porte pour Kamala Harris

Pendant que Donald Trump et Kamala Harris se démultiplient et enchaînent les meetings, dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle aux États-Unis, les petites mains œuvrent aussi sur le terrain. Pour faire pencher la balance le 5 novembre, il faut notamment grappiller des voix dans les États-clés, les fameux Swing states. C’est le cas du Wisconsin, où Matthew Beker, un ouvrier syndicaliste de 33 ans, fait du porte-à-porte depuis plusieurs mois pour tenter de faire gagner la démocrate Kamala Harris. Ce francophile, qui manie la langue de Molière avec talent, est très mobilisé à quelques jours du scrutin.

Matthew a vécu trois ans en France et a habité à Saint-Étienne, Abbeville, Brest et Villefranche-sur-Saône. "Je rêve d'une bonne baguette", s'amuse l'Américain. "On ne peut pas oublier le Beaujolais", ajoute-t-il dans un sourire. Matthew dit également être un véritable supporter du club de football de l'AS Saint-Étienne. "Vert un jour, vert toujours", comme il le dit, avant d'entonner le célèbre hymne des supporters stéphanois, Allez les verts, devant notre caméra.

L'ouvrier, qui travaille chez Michelin, tape aux portes, distribue des tracts et passe des coups de téléphone aux électeurs. Depuis deux mois, il sillonne le Wisconsin, un État très courtisé où Joe Biden l'avait emporté en 2020 avec seulement 20 000 voix d'avance. Matthew laboure le terrain tous les jours, sans relâche. Le vote des ouvriers est indispensable à Kamala Harris, sauf que ce vote n'est plus forcément acquis. "Je ne comprends pas pourquoi les ouvriers votent pour Donald Trump. Il est plus pour les gens comme Elon Musk que nous", commente le partisan démocrate.

Ce militant de Kamala Harris est membre du syndicat United Steel Walkers, investi dans la campagne présidentielle depuis plusieurs mois. (BENJAMIN ILLY / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Cette fois, il est à Oshkosh, non loin du lac Michigan. "C'est un peu le bled de Trump ici. Ce n'est pas juste une élection importante pour moi, c'est aussi une élection importante pour le monde". Ce soutien de Kamala Harris est membre du syndicat United Steel Walkers, investi dans la campagne depuis plusieurs mois."Je suis content que Kamala Harris aille dans ce genre d'États, Hillary Clinton ne l'avait pas fait en 2016, alors ça me donne espoir. Je crois que Kamala Harris va gagner."

Pendant sa tournée, Matthew raconte qu'une fois, lors d'un porte-à-porte, un homme a menacé de lui tirer dessus. "Je crois savoir pour qui il vote, préfère sourire Matthew. Les armes à feu aux États-Unis, c'est un gros problème, c’est une de mes raisons pour voter". Pendant ce temps, une passante l'interpelle : "Je ne voterai jamais pour Trump, il est fou et veut devenir un dictateur. Il doit être enfermé".