14 juillet 2015-2025 : en Iran, dix ans après un accord de paix exemplaire, le chaos
La « guerre préventive » d’Israël contre les sites nucléaires iraniens et les assassinats ciblés de scientifiques iraniens, complétés par les superbombes américaines, ont-ils mis fin au programme nucléaire de Téhéran ? La plupart des experts en doutent. À l’inverse, cette folle aventure militaire coûte très cher au peuple iranien : outre les centaines de victimes civiles de l’agression israélienne, elle a entraîné une vague de répression du régime contre ses opposants sous couvert de chasse aux espions.
Les seules frappes israéliennes sur la (tristement célèbre) prison d’Evin ont coûté la vie à 71 personnes, parmi lesquelles nombre de détenus politiques, de proches en visite, de gardiens respectés. Elles ont « fragilisé la lutte des dissidents » note l’Orient-le Jour. S’ajoute à ce désastre le projet de l’Iran de refuser désormais les contrôles de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), voire de se retirer du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) – qui entraînerait la fin définitive des contrôles internationaux –, ainsi que la certitude, selon des spécialistes de la région, que cette guerre va « alimenter au Moyen-Orient la haine de l’Occident et le désir de vengeance » 1.
Un accord torpillé par Trump 1 en 2018, avec les conséquences que l’on sait.
Un chaos qui tranche tragiquement avec le résultat prometteur obtenu il y a tout juste dix ans grâce à un accord de paix exemplaire conclu entre la communauté internationale et l’Iran : l’emblématique accord de Vienne. Retour sur ce succès historique, torpillé par Trump 1 en 2018, avec les conséquences que l’on sait.
Tout avait commencé, en 2002, par des révélations sur la construction clandestine d’un site d’enrichissement de l’uranium en Iran. Le pays se préparerait-il à se doter de l’arme atomique ? La France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne prirent ensemble la bonne initiative d’engager, à partir de 2003, des négociations avec Téhéran. Ils furent rejoints en 2006 par les États-Unis, la Chine et la Russie, ainsi que par l’Union européenne comme telle. Cette coalition exceptionnelle travailla en relation étroite avec l’AIEA.
Les bases de la négociation étaient, en principe, claires (même si la France en eut une lecture volontiers plus exigeante que d’autres) : dès lors que l’Iran, signataire du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, respecte les règles de celui-ci – qui interdisent l’usage militaire, mais autorisent l’usage civil du nucléaire sous la supervision de l’AIEA –, le pays échappera aux sanctions économiques internationales et pourra trouver sa place dans les relations internationales2.
La structure très particulière du pouvoir iranien – celui, archidominant, du « guide », celui des inflexibles « gardiens de la révolution », mais aussi celui du président élu, auquel le guide peut laisser une certaine marge de manœuvre en fonction des rapports de force dans le pays – n’a pas simplifié les pourparlers. Après dix années de langage de sourds sans résultats concluants –, malgré l’application de sanctions internationales de plus en plus sévères à l’économie Iranienne –, la situation se débloqua en 2013, après l’élection d’un président iranien « modéré » : Hassan Rohani.
Celui-ci dépêcha à Genève puis à Vienne des négociateurs brillants, avec un mandat réaliste : obtenir la levée des sanctions contre l’acceptation d’une limitation stricte du nombre de centrifugeuses et du niveau d’enrichissement de l’uranium ainsi que d’un contrôle international conséquent. L’AIEA confirma le plein respect de ces engagements. Un pari historique était gagné.
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