JO Paris 2024 : dans les territoires traversés, la flamme olympique a entraîné «émotion» et «communion»

Les 12 relais de la flamme paralympique convergent depuis dimanche vers Paris, avant l’allumage de la vasque mercredi soir lors de la cérémonie d’ouverture sur les Champs-Élysées et place de la Concorde. Avant elle, son homologue olympique avait fait un très long périple : 79 jours entre Marseille et Paris, entre le 8 mai et le 26 juillet dernier. Et avait été relayée par pas moins de 10.000 personnes. Les champions Teddy Riner et Marie-José Pérec auront été les derniers, en allumant somptueusement la vasque olympique le 26 juillet aux Tuileries après un relais chargé d’émotion. Ce dernier a fait des étincelles lors de son passage dans toute la France, métropolitaine comme dans les Outre-mer. Il s’était fixé comme ambition d'embarquer «les territoires dans l'aventure JO», en traversant plus de 400 villes. 

Toutefois, en demandant 180.000 euros pour un passage de seulement quelques heures, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) a refroidi 37 des 101 départements français, qui n’ont donc pas vu la flamme sur leur territoire. Une somme non négligeable, qui a fait l’objet de discussions sur son financement dans les départements traversés. Certains ont partagé les frais avec les communes, parfois même pour un montant important. C'est notamment le cas du Calvados. Les villes de Caen et Falaise ont respectivement déboursé 30.000 et 8000 euros, sans compter les frais d'organisation et de logistique propres à chaque ville d'accueil.  

A contrario, d'autres départements ont décidé d'assumer l'entière charge financière de la venue de la flamme, laissant seulement le soin aux villes d'organiser des événements autour du passage. «C'était un moment chargé en émotion, mais j'ai toujours cru à son caractère extraordinaire. C’est une très belle occasion pour que les gens puissent se regrouper, dans une bonne humeur», raconte Stéphane Haussoulier, président (centre-droit) du Conseil départemental de la Somme. Même enthousiasme dans le Morbihan, selon Karine Bellec, première vice-présidente du département : «Nous avons eu une journée magnifique, un véritable moment de communion, c'est sans doute ça la magie des Jeux.»

«Sur la journée, ça fait -30, -40% de chiffre d’affaires»

Du côté des commerçants, la journée n’a pas eu la même saveur : «Le jour J a été très compliqué pour les commerçants. Certains, considérés comme non essentiels, ont même décidé de fermer. Sur la journée, ça fait -30, -40% de chiffre d’affaires», déplore Gaël Mordac, président de la fédération des commerçants d’Amiens, où la flamme est passée le 4 juillet. Malgré tout, «ce qu’on retient, c’est la joie et l’engouement des gens», nuance-t-il.

La flamme olympique et les hauts lieux du patrimoine français (Mont Saint-Michel, cité de Carcassonne, cathédrale de Reims…) se sont également découverts cet été. Les images dans ces lieux ont été vues par des millions de personnes. De quoi apporter une visibilité supplémentaire à ces lieux déjà bien connus, mais aussi des visiteurs supplémentaires. Au château de Chambord, «il y avait du monde, même si c’était difficilement quantifiable car les animations n’étaient pas directement dans le château, et que nous étions le lendemain du second tour des élections législatives», explique-t-on. 

«Si notre budget était de 100 euros, le passage aurait coûté 2 centimes !» 

En Moselle, le passage de la flamme en plein entre-deux-tours des élections législatives a permis, selon le président du département Patrick Weiten (UDI), «de retrouver dans des moments troubles les valeurs de rassemblement». Un événement réussi, tant pour les organisateurs que les commerçants : «Nous avons eu plus de 100.000 visiteurs sur la journée en Moselle. Selon le comité d'organisation des JO, jusqu'à l'arrivée dans notre département, c'était la fréquentation la plus élevée», se targue Patrick Weiten.

«J'ai douté de la manière dont ça allait se passer. Les gens allaient-ils être présents ? Ils ont vite répondu, et positivement», se réjouit Stéphane Haussoulier, dans la Somme. «Il y a toujours des grognons qui ne voient que la partie financière. Mais, imaginons, si le budget de notre département était de 100 euros, le passage de la flamme n'aurait coûté que 2 centimes d’euro !» Le Conseil départemental de la Moselle, avec son budget de 1,3 milliard d'euros, a lui permis «aux petits villages d'accueillir la flamme». «Sinon, ils n'auraient jamais pu le faire», précise Patrick Weiten, son président. En comparaison, accueillir le Tour de France coûte 250.000 euros aux villes hôtes.

La ville de Vichy (Allier) n'a, elle, pas hésité à accueillir la torche tant attendue. «Ça nous paraissait difficile d'avoir des équipes (34 équipes olympiques de 10 pays différents ont été à Vichy pour se préparer aux Jeux, NDLR) mais pas d'avoir la flamme dans notre ville», explique le maire (LR) Frédéric Aguilera. Un moment qu'il ne regrette absolument pas. «Le passage de la flamme, c'est aussi un coup de projecteur sur notre dynamique, sur notre stratégie au long cours pour l'excellence sportive à Vichy», estime-t-il. L'État vient d'ailleurs d'y investir 20 millions d'euros dans un grand centre d’entraînement olympique, rapporte l’édile. «Aucun département n'a regretté le passage de la flamme, chacun a raconté son histoire, et à travers son histoire, celle de la France», conclut Patrick Weiten, par ailleurs vice-président de l'Assemblée des Départements de France (ADF).