«Vous auriez eu à apprendre de lui» : la sœur de Samuel Paty revient sur ses échanges avec Emmanuel Macron

La sœur de Samuel Paty, enseignant tué en octobre 2020 par un jeune islamiste radicalisé, près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), a fait part de sa colère envers l’État français devant les caméras de «Sept à Huit» de TF1. Dans le portrait d’Audrey Crespo-Mara diffusé ce dimanche soir, Mickaëlle Paty a pointé «l’absence de réponse de l’État pour obtenir la reconnaissance officielle de la responsabilité de l'État dans la survenance de l'attentat». 

Le 15 mars, elle avait adressé un courrier au premier ministre Gabriel Attal, à la ministre de l'Éducation nationale Nicole Belloubet et au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, afin d'obtenir «la reconnaissance officielle de la responsabilité de l'État dans la survenance de l'attentat». Mais aucune réponse n’est arrivée dans les deux mois qui ont suivi, soit le délai légal, et elle avait saisi la justice administrative. «Je me retrouve à attaquer l'État à défaut de réponse de l'État, justifie la sœur de l’enseignant. Ils avaient un délai pour me répondre, et il a été officialisé de très longue date qu'on allait me répondre. Mais la date butoir est arrivée, et il n'y a pas de réponse. Personne ne m'a répondu. Personne.»

Durant l’entretien, l’infirmière anesthésiste, mère de deux enfants, regrette que les conclusions de l’enquête administrative demandée par le ministre de l’Éducation en poste aux moments des faits, Jean-Michel Blanquer. «Selon ce rapport, nul n'a failli, grince-t-elle. Eux n'ont commis aucune erreur. Le plus difficile, c'est que ça faisait passer mon frère pour quelqu'un de naïf, ce qu'il n'était absolument pas, et qu'il était aussi responsable des événements.» Très émue, Mickaëlle Paty a également relaté ses échanges avec Emmanuel Macron peu après le drame : «Je lui ai dit :’’Monsieur le président, s'il y a bien une personne dans notre famille qui aurait dû être assise face à vous, c'est mon frère. Vous auriez eu à apprendre de lui’’.»

Procès de huit adultes du 12 novembre au 20 décembre

Samuel Paty, professeur d'histoire-géographie de 47 ans, avait été poignardé puis décapité par Abdoullakh Anzorov, réfugié russe d'origine tchétchène, le 16 octobre 2020. L'homme de 18 ans, radicalisé, lui reprochait d'avoir montré en classe des caricatures de Mahomet. Avant d'être tué par la police, iI avait revendiqué son geste en se félicitant d'avoir «vengé le prophète».

Des agents de l'Éducation nationale et du renseignement territorial des Yvelines étaient pourtant informés de la virulente campagne sur les réseaux sociaux autour du cours de Samuel Paty, mais ce dernier n'avait pas été protégé.

Dix membres de la famille de Samuel Paty ont porté plainte en avril 2022 contre l'administration, à qui ils reprochent de ne pas avoir protégé le professeur. Une information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris pour non-assistance à personne en péril et non-empêchement de crime.

Dans ce dossier, six collégiens ont déjà été condamnés à des peines allant de 14 mois de prison avec sursis à six mois de prison ferme -aménagées sous bracelet électronique - le 9 décembre 2023 pour leur implication dans l'assassinat. Le procès de huit adultes mis en cause est lui prévu devant la cour d'assises spéciale de Paris, du 12 novembre au 20 décembre. «Je n’attends pas grand-chose de la part des accusés», avoue Mickaëlle Paty.