Face à la "menace russe", Emmanuel Macron se positionne comme médiateur dans les discussions européennes
"Nous rentrons dans une nouvelle ère" : c'est ainsi qu'Emmanuel Macron a ouvert son allocution, mercredi 6 mars marquant un tournant dans la politique française et européenne face aux inquiétudes que provoque le revirement des États-Unis sur le dossier ukrainien. L'objectif du président est clair : répondre aux préoccupations des Français et les préparer à faire front commun contre un seul et même ennemi. 'La menace russe est là et touche les pays d'Europe", assure le président de la République,
Le chef de l'État a mis un point d'honneur à fournir des explications détaillées, s'appuyant sur des chiffres et des cartes pour faire contrepoids à une vague de désinformation qui circule sur les réseaux sociaux. Il est revenu sur l'envoi des troupes en Ukraine, une question qui suscite des inquiétudes croissantes parmi les citoyens. L'Élysée a recensé quinze fois plus de courriers concernant ce sujet, montrant l'ampleur des préoccupations. "Pour que l'Ukraine ne soit pas à nouveau envahie par la Russie, il nous faut le préparer, indique Emmanuel Macron. Cela passera aussi peut-être par le déploiement de forces européennes. Elles seraient là une fois la paix signée pour en garantir le plein respect." Une force de maintien de la paix européenne, dont les détails restent flous. Il a annoncé qu'une rencontre entre chefs d'état-major aurait lieu à Paris dès la semaine du 10 mars.
Précurseur sur la notion de défense européenne
Emmanuel Macron n'a pas manqué de rappeler sa position de leader et de médiateur dans les discussions européennes. À plusieurs reprises, il a insisté sur son rôle de conciliateur, notamment en réunissant autour de la table des acteurs européens pour discuter de la défense et de la sécurité du continent. Le président de la République a souligné que l'Europe de la défense qu'il promeut depuis huit ans est désormais une réalité concrète, revenant sur son discours de la Sorbonne en 2017 où il avait déjà esquissé cette vision.
Le président a également annoncé la mise en place de "financements communs massifs" pour "acheter, produire sur le sol européen des munitions, des chars, des armes". Par ailleurs, Emmanuel Macron assume d'"ouvrir le débat" sur l'extension de la force de dissuasion nucléaire européenne à nos voisins.
Emmanuel Macron a profité de son allocution pour envoyer un message clair sur la politique intérieure. En utilisant des mots qu'il n'avait pas prononcés depuis longtemps. Il a ainsi déclaré : "j'ai demandé au gouvernement". Ce retour au rôle de chef d'État marque son intention de reprendre la main sur des questions cruciales telles que les investissements militaires, mais sans pour autant augmenter les impôts, une mission impossible confiée à son Premier ministre, dans un contexte parlementaire déjà tendu après un budget difficile.
Le président semble vouloir renouer avec les Français en délivrant un message d'espoir et d'unité, comme pendant la Covid-19. L'objectif est de combattre la peur et le défaitisme, avec le même espoir post-dissolution : renouer avec les Français.