Le Gouvernement valide finalement l’entrée en vigueur du nouveau Nutri-Score
« Compte tenu des enjeux impératifs de santé publique, les ministres ont décidé de signer l’arrêté modifiant les règles de calcul du Nutri-Score », ont annoncé ce vendredi 14 mars dans un communiqué quatre ministres (Économie, Santé, Agriculture, Commerce), en dépit de dissensions gouvernementales. La semaine dernière, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard avait en effet assumé publiquement de bloquer la publication de l’arrêté et donc l’entrée en vigueur du nouveau mode de calcul du Nutri-Score, lui reprochant de donner une mauvaise note aux produits « remarquables » du terroir tels que le fromage ou la charcuterie. Des arguments avancés par les lobbies agroalimentaires…
Un indicateur qui reste sur la base du volontariat
Mis en place en 2017, cet indicateur, qui restera appliqué sur la base du volontariat, classe les produits alimentaires de A à E en fonction de leur composition et de leurs apports nutritionnels, dans l’objectif de lutter contre le surpoids et l’obésité. Cette nouvelle version prend en compte les travaux scientifiques les plus récents, et devient plus sévère avec les produits transformés par l’industrie agroalimentaire.
Le nouveau mode de calcul permet notamment « d’améliorer la différenciation entre les aliments selon leur teneur en sel et en sucres », ainsi que la classification des poissons gras, des huiles moins riches en acides gras saturés et des boissons, précise le communiqué du gouvernement. Il s’agit, selon le gouvernement, de mieux orienter les consommateurs vers les produits plus équilibrés sans « pénaliser » pour autant les « produits du terroir ».
Une victoire de la santé publique
« C’est une victoire de la santé publique, un grand motif de satisfaction puisque cet arrêté était attendu depuis plus d’un an : cela permet de rappeler que ces enjeux de santé publique doivent être au premier plan des préoccupations du gouvernement », s’est réjoui auprès de l’AFP le Pr Serge Hercberg, l’un des concepteurs du Nutri-Score. L’association de consommateurs Foodwatch y a aussi vu une victoire de « la mobilisation citoyenne contre les lobbies agroalimentaires ».
Plusieurs acteurs économiques de la grande distribution et de la transformation agroalimentaire ont également salué la décision du gouvernement. « Je pense que c’est une bonne chose », a déclaré Thierry Cotillard, président du groupe des Mousquetaires, qui regroupe des enseignes comme Intermarché ou Netto, sur son compte LinkedIn. Il affirme notamment qu’une moins bonne notation encouragera son entreprise à « reformuler ses recettes ».
Oui mais…
Plusieurs gages ont toutefois été donnés au secteur agroalimentaire. Les ministres ont, en effet, assuré, dans leur communiqué, qu’ils seront « attentifs à ce que le système (…) ne nuise pas aux produits issus de la richesse de nos terroirs et symboles de notre patrimoine culinaire ». Ces derniers entendent également rester « vigilants aux effets de bord » que la nouvelle méthode de calcul du Nutri-Score « engendre pour les produits issus du savoir-faire français ». « Ces produits sont en effet défavorablement notés par l’algorithme du Nutri-Score, (…) bien qu’ils offrent des bienfaits nutritionnels reconnus lorsqu’ils sont consommés selon les repères nutritionnels. »
« Quand on prend un fromage : 100 grammes de fromage classé en E, on ne tient pas compte de la réalité d’une consommation normale de fromage qui est aux alentours de 30 grammes » a ainsi précisé Mme Genevard à l’AFP. « Oui au Nutri-Score, mais avec une demande d’amélioration continue du dispositif », a conclu la ministre qui rencontrera vendredi le Pr. Serge Hercberg, le fondateur du Nutri-Score. Sachant que les entreprises et marques engagées dans la démarche ont « deux ans pour mettre à jour leurs emballages et apposer le nouveau Nutri-Score », selon leur communiqué.
« D’autres batailles à mener pour convaincre les industriels d’adopter le Nutri-Score »
Face aux critiques d’Annie Genevard, qui a repris les arguments des lobbies agroalimentaires, des voix se sont élevées ces derniers jours pour défendre ce nouvel étiquetage. Il s’agit d’un « vrai outil de santé publique, plébiscité par les Français et influençant les choix d’achats et on ne peut pas faire comme si le surpoids et l’obésité n’étaient pas un problème de santé publique », a notamment souligné jeudi le directeur général de la Santé, le Dr Grégory Emery.
Il reste « d’autres batailles à mener pour convaincre les industriels d’adopter le Nutri-Score », et à terme « le rendre obligatoire » pour « donner une chance maximum aux consommateurs de faire des choix éclairés », a fait savoir Serge Hercberg. Foodwatch a assuré qu’elle continuera de « dénoncer les manœuvres des lobbies auprès de la Commission européenne » et de batailler pour que « le logo devienne obligatoire sur tout le continent ».
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