En annonçant d’une seule voix ce vendredi 29 août une journée de mobilisations et de grèves massive pour le 18 septembre, l’intersyndicale n’entend pas seulement exiger un budget de « justice sociale » et fiscale, quelle que soit l’issue du vote de confiance le 8 septembre à l’Assemblée et l’avenir du gouvernement Bayrou. Les huit organisations placent à nouveau la question des rémunérations au centre de leurs revendications.
« Nous voulons des augmentations de salaire », a ainsi lancé Sophie Binet pour la CGT, lors de la conférence de presse de l’intersyndicale dans les locaux de la CFDT ce vendredi matin. « Augmenter les salaires, ça fait augmenter les cotisations », permettant ainsi de rééquilibrer le budget, appuie son homologue de Force ouvrière, Frédéric Souillot.
Des niveaux de salaire sous le SMIC
Dans « la fonction publique, le point d’indice bloqué, c’est 30 % de perte de pouvoir d’achat en 30 ans à peu près », a déploré le président de la CFE-CGC, François Hommeril. « Un couple d’enseignants en banlieue parisienne, ils sont à quelques encablures de la pauvreté. Mais comment un État comme la France peut-il accepter ça ? », a-t-il lancé.
Les numéros 1 des confédérations ne sont pas les seuls à se saisir de la question des rémunérations. « Faisant le constat que la grille des salaires de la branche professionnelle des industries électriques et gazières débute en dessous du SMIC », la fédération Mines-Énergie de la CGT a lancé un appel à la grève à partir du mardi 2 septembre, revendiquant une revalorisation de 9 % de la grille.
Son homologue de la chimie (FNIC CGT) a elle aussi déposé un préavis pour le 10 septembre, jour de mobilisation « Bloquons tout », en faveur de « l’augmentation des salaires », de « l’interdiction des 7 jours de carence » en cas d’arrêt maladie, de « la suppression des franchises médicales et forfaitaires » et contre la suppression de deux jours fériés, mesures du projet de budget 2026 du gouvernement Bayrou qui toucheraient le niveau de vie des salariés.
Le même jour, la CGT du commerce et des services mobilise aussi contre « la précarité et les bas salaires dans le secteur de la sécurité et de la sûreté ».
Cet enjeu salarial rejaillit ces dernières semaines alors que plusieurs études démontrent un sérieux coup de frein sur les revalorisations collectives dans le privé pour 2025.
Sur la foi de près de 120 accords de branche conclus pour l’année, concernant 50 % des salariés du privé couverts par une convention collective, et d’environ 1 600 accords d’entreprise (plus de 700 000 salariés), la Banque de France avait déjà parlé en mars du retour de la modération salariale perceptible dès 2024, avec « des hausses de salaire inférieures ou égales à 2 %, alors que cette proportion était à peine de 5 % » au début de l’année dernière.
+ 0,9 % pour les prix à la consommation
Début août, l’INSEE a confirmé ce refroidissement avec un indice du salaire mensuel de base (SMB) de l’ensemble des salariés en progression de 2 %, sur un an, à mettre au regard de l’inflation. « Les prix à la consommation (pour l’ensemble des ménages et hors tabac) augmentent de 0,9 % entre juin 2024 et juin 2025. Sur un an et en euros constants, le SMB augmente de 1,1 %. »
Dans son étude annuelle publiée ce vendredi à partir d’un million de fiches de paie issues de 300 entreprises de toute taille, secteur et localisation, le cabinet Deloitte parle d’un « retour à la normale après deux années assez inédites en termes de pourcentages d’augmentations qui était liées à une forte inflation ».
« C’est-à-dire qu’on arrive à des niveaux d’évolution salariale qui sont plus proches de ce qui était pratiqué avant 2020 », a commenté pour l’AFP Sophie Lazaro, associée capital humain chez Deloitte.
Cette année, les salaires des ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise (OETAM) progressent de 2,5 %, contre 3,5 % en 2024, tandis que ceux des cadres augmentent de 2,3 %, après 3,4 %.
2026 s’annonce encore moins bonne pour les salariés du privé. L’étude Deloitte prévoit des hausses passant de 3 % à 2 % pour l’ensemble des catégories socioprofessionnelles, avec seulement 40 % des employeurs qui se sont prononcés alors que ces prévisions se font en général à l’été.
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