Une pétition en ligne contre le prêt de la tapisserie de Bayeux au British Museum recueille 45 000 signatures
Une pétition mise en ligne le 13 juillet contre le prêt de la tapisserie de Bayeux au British Museum de Londres pour des raisons de conservation de l'oeuvre, comptait près de 45 000 signatures mercredi 20 août 2025. "Nous demandons solennellement au président de la République de renoncer à ce projet. Ce prêt serait un véritable crime patrimonial", peut-on lire à la fin de cette pétition sur le site change.org.
Le créateur de cette pétition, Didier Rykner, directeur de la rédaction du site La Tribune de l'Art, estime que la tapisserie est "beaucoup trop fragile pour être transportée sans grand risque". "Les spécialistes de la tapisserie, les restaurateurs qui travaillent dessus et les conservateurs disent qu'il y a un risque de déchirures, de chutes de matière, dues aux manipulations et vibrations lors de son transport" a-t-il rappelé. "C'est inadmissible de prendre le risque que cette oeuvre absolument unique soit détériorée" s'est-il emporté auprès de l'AFP.
La tapisserie est un "récit brodé" de 70 mètres de long, datant du XIe siècle, qui raconte la conquête de l'Angleterre en l'an 1066 par Guillaume, duc de Normandie, qui deviendra par la suite "Guillaume le conquérant".
Emmanuel Macron a annoncé le 8 juillet le prêt de l'oeuvre au British Museum de Londres, de septembre 2026 à juin 2027, en échange de pièces médiévales issues du trésor archéologique de Sutton Hoo.
L'étude de faisabilité du transport reste confidentielle
Dans une vidéo mise en ligne sur YouTube par la préfecture du Calvados en février 2025, Cécile Binet, conseillère musées de la DRAC de Normandie, affirmait que la tapisserie est "trop fragile pour être déplacée sur une grande distance" et que "toute manipulation supplémentaire" était "un risque pour sa conservation". Quelques semaines après ces déclarations, la décision a été prise de "l'envoyer à Londres. Ça n'a aucun sens, c'est uniquement politique et diplomatique" a jugé Didier Rykner.
Une étude de faisabilité du transport de la tapisserie de Bayeux vers Londres a été réalisée par des restauratrices en mars 2022, a-t-on appris de sources concordantes. "Cette étude, on refuse de me la communiquer, elle reste confidentielle", s'est agacé Didier Rykner, "le ministère de la Culture dit qu'il y a eu des études qui ont montré que l'oeuvre était transportable, montrez-les nous, je voudrais bien les voir !".
Sollicitées par l'AFP, ni la DRAC de Normandie, ni le ministère de la Culture, ni les restauratrices n'avaient répondu mercredi 20 août après-midi.