Tapisserie de Bayeux : trop fragile pour voyager outre-Manche ? Le prêt d'Emmanuel Macron inquiète les défenseurs du patrimoine
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Du long de ses 70 mètres, près de 1 000 ans nous contemplent. Car la toile de lin de la tapisserie de Bayeux magnifiquement brodée date du XIe siècle. Mais elle porte les marques du temps : des fissures, des accros, des taches parsèment l'œuvre. Malgré tout, elle sera prêtée à Londres en juin 2026. Emmanuel Macron l'a annoncé début juillet lors de sa visite à Windsor dans le cadre d'un rapprochement entre la France et la Grande-Bretagne. Une pétition sur Internet a déjà recueilli plus de 40 000 signatures, appelant à renoncer à ce prêt désigné comme un véritable crime patrimonial. Car la tapisserie de Bayeux est complexe à manipuler.
De nombreuses inquiétudes
"C'est extrêmement compliqué parce qu'on imagine bien que ces 70 mètres, s'il y a un seul faux mouvement, on peut la déchirer. J'ai énormément de témoignages de fonctionnaires au ministère de la Culture qui disent que c'est une folie. Mais personne ne s'exprime parce qu'ils ont peur pour leur poste", assure Didier Rykner, directeur de la rédaction de La Tribune de l'Art.
La tapisserie retrace l'épopée de Guillaume le Conquérant, ici lors de la bataille d'Hastings, en 1066, face aux barons anglais. Elle suscite toujours autant d'engouement. Ce matin, les réactions à son départ outre-Manche sont partagées. "Ah les Anglais... C'est un peu leur histoire aussi quand même", admet un homme. Un visiteur britannique se réjouit : "Je suis très heureux qu'elle vienne en Angleterre, car une fois à Londres, des gens du monde entier vont pouvoir l'admirer", commente-t-il.
Depuis l'annonce du prêt, plus de 3 000 personnes se pressent à Bayeux devant elle chaque jour.